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résultat de combinaisons idéales. Il a pensé qu’étant une œuvre perfectible, il suffisait qu’elle contînt un petit nombre de principes dégagés de nos diverses institutions. » Enfin, après avoir rappelé les sources où les institutions nouvelles étaient puisées, le prince Jérôme traçait les devoirs du sénat en remémorant les dispositions constitutionnelles qui le concernent.

Le sénat inaugura ses travaux en s’occupant de la mission qui lui était confiée par l’article 15 de la constitution, qui déterminait qu’un sénatus-consulte fixerait la somme allouée annuellement au président de la république pour toute la durée de ses fonctions. Cette somme fut portée à l’unanimité à 12 millions de francs. Les palais nationaux, le mobilier, les jardins et les parcs qui en dépendent étaient, aux termes du sénatus-consulte, affectés à l’habitation et à l’usage du prince-président. Le prince devait jouir exclusivement du droit de chasse dans les bois de Versailles, dans les forêts de Fontainebleau, de Compiègne, de Marly et de Saint-Germain. En vertu d’une dernière disposition, l’état, continuant de percevoir les revenus et produits utiles des forêts, restait chargé de leur administration ainsi que de l’entretien des palais nationaux et de tout ce qui en dépend. Ce sénatus-consulte, voté le 1er avril, selon les formes déterminées par le décret réglementaire du 22 mars 1852, fut présenté au prince-président par le bureau du sénat. C’est le seul acte que ce corps ait eu à accomplir durant cette session, en dehors des fonctions qui lui sont dévolues, de vérifier si les lois votées par le corps législatif sont ou non d’accord avec la loi fondamentale, et de le constater. En définitive, dans l’ordre des lois secondaires, le rôle le plus important restait aux députés, et jusqu’à la fin de la session nous ne voyons plus le sénat fonctionner que pour donner son visa aux résolutions de l’assemblée élective chargée de voter les lois.

En ouvrant la séance du corps législatif, le 30 mars, le président, M. Billaut, adressa quelques paroles à ses collègues dans l’esprit des institutions nouvelles : « Notre présence dans cette enceinte, leur dit-il, marque pour nous, comme pour le pays, une ère nouvelle. Soustraite à de redoutables éventualités par une volonté dont la calme énergie sait méditer lentement et rapidement agir, la France a mis dans son élu une confiance sans précédent dans l’histoire. Par un vote dont le chiffre éclatant n’a jamais été égalé, elle lui a demandé des institutions fortes et protectrices qui lui rendissent sa sécurité et sa grandeur. Placées sous l’invocation des immortels principes de 1789, fortifiées par cet esprit gouvernemental qu’animait l’époque consulaire, ces institutions ont trouvé dans le scrutin qui vient de nous élire une évidente consécration. Il s’agit aujourd’hui de les mettre en pratique : là commence notre mission, et cette mission,