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conduite des partis. Il ne voulait d’un nouveau titre et d’un pouvoir irrévocablement fixé sur sa tête que si l’intérêt de la société l’exigeait. Les choses ne devaient pas suivre exactement la route ainsi tracée. L’empire allait se former peu à peu par la force même des choses, pacifiquement. Les partis qui, durant les premiers mois de l’année 1825, conservaient encore, à défaut d’espérances, une vive irritation, devaient s’affaisser peu à peu dans une prostration complète, et se montrer de jour en jour plus résignés à leur sort. L’opinion dès lors, livrée tout entière aux influences nouvelles, allait prendre elle-même l’initiative de la dernière évolution qui restait à accomplir pour donner au pouvoir une forme monarchique. L’empire devait donc se fonder en quelque sorte de lui-même, sans luttes, sans contestations, au sein d’un calme profond. La logique y conduisait irrésistiblement et le pouvoir et le pays.

On le pressentait, sans toutefois avoir une vue nette et précise de l’avenir, au moment où s’ouvrait la session du sénat et du corps législatif. Une autre préoccupation se mêlait encore à ce pressentiment : on était curieux de voir comment fonctionneraient les institutions nouvelles, comment elles seraient comprises par le chef de l’état, par les hommes qu’il avait désignés pour former le sénat et par ceux que le pays avait envoyés au corps législatif sur les recommandations fournies par l’administration. Le sénat, investi du privilège de veiller au maintien ainsi qu’à l’amélioration des institutions nouvelles, et chargé par conséquent de la fonction la plus haute, sinon la plus active, dans la confection des lois, était prêt à seconder de toute son action et sans réserves les vues du gouvernement. Les membres de ce corps étaient connus pour avoir figuré précédemment, les uns dans les assemblées délibérantes de la monarchie et de la république ; les autres dans les grandes administrations civiles ou militaires. Quoique la plupart eussent appartenu aux anciens partis ; leur dévouement au nouvel ordre de choses ne pouvait être douteux. Un certain nombre d’ailleurs, par leur âge même, avaient connu et servi l’empire, et se reportaient volontiers aux sentimens de leur jeunesse. Tout contribuait donc à rendre certain l’appui que le pouvoir demandait au sénat. Le concours du corps législatif n’était pas moins assuré. Quoique désignés par l’intervention des préfets au choix des populations et engagés envers le gouvernement par les obligations prises pour obtenir sa recommandation, obligations confirmées par le serment exigé de toutes les fonctions publiques, les députés, tenant leur mandat du pays, conservaient ainsi une liberté plus grande que celle du sénat dans la limite de leurs attributions ; mais la presque totalité des membres du corps législatif voulaient sincèrement la consolidation du nouvel ordre de