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littéraire, inaltérable honneur de l’esprit français, et qu’ils enseignassent à chacun d’eux, d’une manière proportionnelle à sa vocation, les sciences qui ont fourni à l’esprit de notre siècle ses développemens les plus surprenans. »

En imprimant ainsi à l’enseignement universitaire une impulsion nouvelle, le pouvoir avait surabondamment marqué de quels sentimens favorables il était animé envers l’église catholique. Indépendamment d’ailleurs de la place qu’il avait accordée à la morale religieuse dans le programme des études, il avait donné à l’église des preuves directes et nombreuses de son dévouement dans des mesures qui depuis la reddition du Panthéon au culte s’étaient succédé sans interruption. Les cultes non catholiques n’auraient-ils point à en souffrir ? C’est une crainte qu’on cherchait à leur inspirer, et que le gouvernement voulut prévenir en donnant aux deux communions protestantes des témoignages de sa sollicitude. On a vu dans les nouveaux programmes qu’il avait étendu aux élèves protestans le bénéfice de l’enseignement religieux de leur communion. L’église réformée et celle de la confession d’Augsbourg ont été l’une et l’autre l’objet de soins plus directs de la part du ministre des cultes. Un décret du 21 mars 1852 est venu réorganiser et fortifier la hiérarchie dans les deux églises. C’est ainsi que le consistoire général de la confession d’Augsbourg a obtenu des attributions plus étendues, et se voit désormais en mesure d’exercer une action plus directe et plus forte sur les églises placées sous sa juridiction. L’église réformée, dont les membres dispersés n’avaient point de centre commun, a reçu une représentation sérieuse, un conseil central établi à Paris et chargé de traiter avec le gouvernement les questions d’intérêt général qui concernent cette église. Le décret du 26 mars a été développé par deux arrêtés ministériels du mois de septembre, dont l’un est relatif à la composition des conseils presbytéraux et des consistoires dans les deux cultes, et dont l’autre réglemente les matières spéciales à l’administration de la confession d’Augsbourg. Le décret du 26 mars contenait une disposition importante, en vertu de laquelle les protestans des localités où il n’existe point de pasteur sont rattachés administrativement au consistoire le plus voisin. Un décret du 10 novembre 1852 est venu appliquer cette disposition en fixant d’une manière immuable les circonscriptions consistoriales des églises. Ces mesures ont été en général favorablement accueillies par ceux qu’elles intéressent directement et qui ont qualité pour en apprécier la portée. Si le gouvernement a cru devoir accorder à la religion qui est celle de la majorité des Français une protection spéciale, il a dû montrer la même bienveillance aux églises protestantes, afin d’éviter le reproche d’exclusivisme.

Dans les soins donnés à l’organisation administrative des églises protestantes, c’étaient encore les préoccupations religieuses qui triomphaient ; en les favorisant, toute proportion gardée, à l’égal de l’église catholique, le pouvoir restait fidèle à la pensée de s’appuyer sur les anciens dogmes, quelle que fût leur forme, pour combattre le radicalisme philosophique, dans lequel il voyait le plus redoutable adversaire de tout principe d’autorité. Ainsi une pensée nettement arrêtée de détourner les esprits de ce que le chef de la dynastie impériale appelait l’idéologie pénétrait, à la faveur des réformes opérées dans l’enseignement, jusqu’au foyer même où les jeunes intelligences vont se former. Cette pensée se retrouve dans toutes les directions où l’activité du pouvoir s’exerce. C’est l’application très franche de la nouvelle constitution à toutes les manifestations de