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des candidats et leur expérience dans les fonctions de l’enseignement. L’ancienne distinction entre les agrégés de grammaire et les agrégés des lettres se trouve abolie. Le décret du 10 avril a également décidé qu’il n’y aurait que deux baccalauréats, l’un pour les lettres et l’autre pour les sciences, qui seraient l’un et l’autre la sanction des études correspondantes du lycée. Les épreuves écrites, qui n’avaient joué jusqu’à ce jour qu’un rôle secondaire dans ces examens, acquéraient plus d’importance, et l’examen lui-même, en se renfermant dans des matières plus restreintes, pouvait être plus précis et plus approfondi.

Quoique l’enseignement supérieur ne fût point l’objet spécial du décret, il fut néanmoins ramené plus directement sous la surveillance du pouvoir. Les programmes détaillés des cours professés dans les facultés des lettres sont soumis annuellement par le recteur, avec l’avis de la faculté, à l’approbation du ministre. C’est ainsi que l’on a cru pouvoir prévenir l’inconvénient qu’avait naguère entraîné la liberté des digressions et des transformations de cours dont quelques professeurs avaient si malheureusement abusé il y a quelques années. Enfin, par une disposition non moins favorable aux professeurs qu’aux élèves, on a astreint les élèves des facultés de droit à se faire inscrire à deux cours de la faculté des lettres. On oblige ainsi les jeunes gens à un emploi utile de leur temps, qu’ils ne recherchent pas toujours dans les grandes villes, et on assure aux professeurs des facultés des auditeurs dont la présence entretient leur zèle.

On connaît maintenant dans ses dispositions essentielles la réforme fondamentale qui changeait ù la fois l’esprit et le but de l’enseignement ; toutefois les principes seuls étaient posés : restait à en tirer les conséquences, c’est-à-dire à formuler les nouveaux programmes d’études et d’examen dont le décret du 10 avril avait indique les bases.

Ici se présentaient des difficultés de diverse nature, dont quelques-unes ne pouvaient être résolues qu’à la condition d’une entente préalable des ministres dont relèvent les écoles spéciales avec le ministre de l’instruction publique. On avait reproché et avec justice aux programmes de l’enseignement secondaire de ne répondre que très imparfaitement aux programmes des concours d’admission des écoles du gouvernement ; de là le grand nombre des institutions préparatoires de mathématiques qui s’étaient formées à côté et au détriment des lycées. Les ministres de l’instruction publique, de la guerre, de la marine et des finances, désignèrent un certain nombre de membres chargés de les représenter dans une commission mixte qui s’occupa de préparer, sur les données de M. Fortoul, la solution du problème avant que le conseil supérieur fût appelé à la formuler dans une seconde session. La commission, bien entendu, devait concentrer ses études uniquement sur l’enseignement scientifique, en laissant au conseil suprême tout le soin de déterminer les programmes de l’enseignement littéraire. Après de longs débats où les tendances diverses des administrations représentées dans la commission se firent librement jour, on convint à l’unanimité qu’il y aurait dix classes seulement par semaine, de deux heures chacune ; que cinq seraient réservées aux lettres, et les cinq autres aux sciences. Les études et les exercices des cinq classes réservées aux lettres devaient être communs aux élèves de la division littéraire et aux élèves de la division scientifique. Tous les enseignemens scientifiques sont divisés en trois temps : les notions préliminaires, l’enseignement proprement dit, la révision. Les études