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Un article du décret du 9 mars avait établi qu’un nouveau plan d’études serait discuté par le conseil supérieur dans sa première session. Le projet qui fut présenté au conseil proposait, en refondant les méthodes et les programmes, en distinguant mieux les différentes branches de l’enseignement, de donner à cet enseignement un caractère moins abstrait et plus pratique, et de tenir compte avec plus de soin qu’on ne l’avait fait jusqu’alors de la diversité des aptitudes et des vocations. Le ministre déclarait qu’en se préoccupant moins qu’autrefois de former l’homme, on aurait plus de chances de réussir à former des hommes, et qu’au lieu d’abstractions vivantes, dangereuses pour la société, dont il est dans la nature de dédaigner les réalités, on obtiendrait des aptitudes moins brillantes peut-être, mais plus solides, et dans tous les cas moins lentes à se classer dans la hiérarchie sociale, à y tenir honorablement une place utile. D’autre part, tout en dégageant l’étude des lettres des accessoires dont elle était depuis quelques années surchargée dans les collèges de l’état, on annonçait également l’intention de faciliter et de développer l’étude des sciences, surtout au point de vue de la pratique, chez les jeunes gens dont la vocation se serait à cet égard prononcée ou indiquée ; L’auteur du projet s’était inspiré de la loi du 11 floréal an X, dont le but était d’ouvrir dans les lycées, après l’enseignement élémentaire, deux voies distinctes, l’une vers les lettres et l’autre vers les sciences. Après les classes de grammaire, les études devaient en quelque sorte se bifurquer, en conservant toutefois quelques points communs : d’un coté les lettres et de l’autre les sciences, reliées pourtant par un enseignement destiné à assurer à ceux qui préféraient les lettres une notion suffisante des sciences, et à ceux qui auraient fait choix des sciences la teinture d’humanités, sans laquelle il n’y a point véritablement de culture intellectuelle. La réforme qui devait s’accomplir en ce sens dans l’enseignement des lycées entraînait la nécessité de réformes analogues dans le baccalauréat ès-lettres, dans l’enseignement de l’école normale, dans le concours d’agrégation pour les professeurs, et enfin dans quelques parties de l’enseignement supérieur.

La session du conseil supérieur s’ouvrit le 15 mars. Quoique les anciennes méthodes eussent dans le sein de ce corps quelques défenseurs habiles, les innovations proposées par M. Fortoul ne paraissent point y avoir rencontré d’opposition systématique de la part de ceux-là même qui semblaient, par leurs antécédens universitaires, le plus portés à les combattre. Elles devaient au contraire trouver des appuis très fermes et très décidés, surtout parmi les membres du conseil qui représentaient particulièrement les sciences. Le résultat des délibérations