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même forcé d’en restreindre l’affluence. C’est ainsi qu’il avait successivement abaissé l’intérêt des bons du trésor jusqu’à 3,2 et 1 1/2 pour 100, c’est ainsi que récemment il avait réduit l’intérêt alloué aux receveurs-généraux pour leurs avances. Enfin, au moment où se publiait ce rapport, l’encaisse du trésor était de 121 millions, ce qui prouvait, selon le ministre, que les découverts, loin d’être trop lourds pour les forces de la dette flottante, étaient au contraire insuffisans pour absorber ses ressources.

Apres avoir constaté que la réduction de la rente s’était opérée avec facilité et que le cours du 4 1/2 était plus élevé que celui du 5 pour 100 au moment de la conversion, que le privilège de la Banque avait été prorogé jusqu’en 1867, et que cet établissement avait été autorisé à prêter sur actions et obligations de chemins de fer, le ministre des finances rappelait que l’impôt des boissons avait été remanié, le droit d’entrée réduit de moitié, le droit de détail augmenté, le dixième de l’octroi supprimé, que ces améliorations avaient été favorablement accueillies, que les économies provenant de la réunion des douanes et des contributions indirectes avaient été employées à perfectionner ce dernier service, et se traduiraient bientôt par des augmentations de revenu, enfin que la fabrication de la nouvelle monnaie de bronze avait commencé, et qu’elle était fort recherchée. Quant au budget de 1853, le ministre ne pouvait encore en parler que par conjectures. M. Bineau faisait espérer de nouveaux accroissemens de revenu, et pensait que l’exercice de cette année se solderait en équilibre. Il déclarait en terminant que le pays n’aurait point de charges nouvelles à subir, point d’impôt nouveau à redouter, et rassurait ainsi l’opinion contre une inquiétude qui avait été longtemps très répandue.

NOUVELLES INSTITUTIONS DE CREDIT. — Deux établissemens, dont la fondation appartient au gouvernement présidentiel, avaient beaucoup contribué au développement financier que le rapport ministériel aimait à signaler : c’étaient la Banque foncière de Paris, devenue la Société du crédit foncier de France, et la Société générale de crédit mobilier. La banque foncière, créée par un décret du 18 mars 1852, ne s’était pas constituée immédiatement. La discussion de ses statuts, la souscription de sou capital primitif avaient absorbé plusieurs mois. A l’abri des vicissitudes auxquelles sont soumis en général les autres établissemens financiers, cette institution avait commencé modestement, mais non pourtant sans fermeté. Quoiqu’elle ne dût primitivement opérer que dans le ressort de la cour d’appel de Paris et qu’elle n’eût point alors les vastes perspectives qui se sont ouvertes depuis, ses actions atteignirent successivement à un taux qui était beaucoup plus que le double du taux d’émission.

Dans la pensée du gouvernement, il devait exister une société de crédit foncier dans le ressort de chaque cour d’appel ; mais on avait pu voir une fois de plus à ce sujet l’impuissance des départemens à rien fonder, même financièrement, même en faveur de la propriété foncière, leur principale préoccupation. A peine quelques sociétés avaient-elles essayé de s’établir, et aucune ne fonctionnait encore en novembre 1852 (4). Le gouvernement se prêta à ce que la banque foncière de Paris étendit ses opérations à toute la France, ou du moins à tous les départemens où il n’existait point encore de société de crédit constituée.