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livres des « séminaires », où professeurs et élèves assis à la même table commentaient ensemble les textes et où ceux-ci initiaient « pratiquement » ceux-là à la méthode critique, que résidait le secret de la supériorité scientifique de l’Allemagne. Rien d’étonnant dès lors s’il quitta Berlin non sans une certaine déception. « Je m’étais toujours imaginé, écrit-il, que, pour n’avoir pas suivi les cours d’une université allemande, j’étais condamné à une misérable infériorité. Je vois aujourd’hui qu’il n’en est rien ; ces cours sont très bons, très savants, mais les livres des professeurs que j’ai entendus valent cent fois leurs leçons. » D’accord ! Mais de ces illustres professeurs, il n’avait entendu justement que les généralités souvent un peu banales des öffentliche Vorlesungen : il n’avait pas pénétré dans les laboratoires où se préparaient ces livres qu’il admirait tant.

C’est pendant son séjour à Berlin que Vanderkindere fut appelé assez inopinément à la vie politique. À vrai dire, il ne pouvait y échapper et, d’ailleurs ne songeait pas à le faire. L’ardeur de son libéralisme, ses relations avec plusieurs jeunes hommes, ses amis ou ses compagnons d’études qui déjà étaient entrés dans l’arène, aussi bien que la situation de sa famille et le souvenir du rôle joué par son père, le désignaient tout naturellement au choix des associations libérales de l’arrondissement de Bruxelles. Un soir du mois de mai 1870, parcourant au café l’Indépendance belge, il fut fort surpris d’apprendre qu’il était porté sur la liste des candidats aux élections provinciales pour le canton d’Ixelles, dont la commune d’Uccle faisait alors partie. Il inclina d’abord à se dérober « par paresse et aussi par défiance de moi »,