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dans les diverses manifestations de l’activité des peuples. Il le présenta comme thèse d’agrégation à l’Université de Bruxelles. L’effort scientifique qu’il venait d’accomplir en l’écrivant l’avait donc en même temps éclairé sur sa voie. Il avait résolu de se vouer à l’enseignement supérieur, et cela dans une Université où se manifestait en une seule activité le double culte qui était le sien : celui de la science et celui du libéralisme.

C’est un peu plus tard, en 1870, qu’il fit un voyage en Allemagne, où l’attiraient à la fois ses sympathies germaniques et le désir d’élargir encore le champ de ses connaissances. Il suivit pendant quelque temps les cours de l’Université de Berlin, qu’illustraient alors les Curtius, les Mommsen, les Ranke, les Droysen, les Treitchke, etc. Chose assez curieuse pour un futur médiéviste, il ne chercha point à se faire admettre dans un séminaire historique. Il se borna à entendre les leçons publiques des professeurs les plus célèbres. Et le choix qu’il fit parmi elles atteste l’éclectisme d’un homme qui ambitionne une culture encyclopédique et ne songe point du tout à se spécialiser dans une discipline déterminée. Il entendit Mommsen et Curtius pour l’histoire ancienne, Droysen pour l’histoire de la Prusse moderne, Zeller pour la philosophie grecque. Il n’oublia pas même la grammaire latine que Hübner enseignait avec éclat. Bref, le programme qu’il se constitua ainsi rappelle d’assez près le programme de notre doctorat en philosophie de l’époque. Il ne soupçonnait point que les cours théoriques ne sont qu’une partie du haut enseignement. Il ignorait que c’était dans les petites salles bourrées de