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défauts de méthode qu’un enseignement plus pratique lui eût sans doute évités. Mais il avait beaucoup lu, beaucoup réfléchi, envisagé les plus hautes questions sur lesquelles l’homme puisse penser, et qui nous dira si un dressage plus strict ne lui eût point fait perdre quelques-unes des qualités qui justement le distinguent ?

À quoi songeait-il alors à les employer ? Lui-même sans doute eût été fort embarrassé de répondre à la question. Il ne semble pas qu’il ait pensé bien sérieusement à se consacrer au barreau. Riche et n’étant pas obligé de choisir une carrière lucrative, il se préparait plutôt, tout en continuant ses études, à la vie politique. Et comment en eût-il pu être autrement puisque l’enseignement tel qu’il existait alors n’avait pu faire de lui un technicien de la science ? Mais il envisageait de haut les affaires publiques. Son libéralisme philosophique, s’il lui désignait le parti dans lequel il devait se classer, lui laissait d’autre part l’indépendance intellectuelle que ne peuvent pas, que ne doivent pas peut-être, posséder les politiciens de profession. Ce qui l’attirait, ce n’étaient point les querelles des groupes se disputant le pouvoir : c’étaient les grandes réformes à accomplir pour amener le pays à l’idéal qu’en ces années de jeunesse il rêvait pour lui. Dès 1862, avant même d’avoir pris le titre de docteur en droit, il entrait au Cercle littéraire, fondé par quelques jeunes hommes animés d’espoirs analogues au sien et qui, en grand nombre, ont joué plus tard dans la nation un rôle considérable, les Hector Denis, les Émile Féron, les Charles Buls, et bien d’autres. La petite brochure verte tirée à cinquante exemplaires et qui renferme le résumé des discussions