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tard. Il était également curieux de tout. « Je m’occupais successivement, nous dit-il, d’histoire, de philosophie, de philologie ; je flirtais tantôt avec l’une, tantôt avec l’autre ; je n’avais contracté d’union durable avec aucune de ces disciplines. » Bref, il ne se spécialisait pas – et il l’a plus tard déploré ; – mais devons-nous le déplorer avec lui ? Je ne sais. Sans doute, la spécialisation de l’enseignement est chose excellente, et les résultats qu’elle a produits dans notre pays depuis qu’on l’y a introduite sont là pour l’attester. Mais ne risque-t-elle pas pourtant, en soumettant trop tôt les jeunes hommes à une discipline un peu étroite, d’énerver chez eux la spontanéité, la fantaisie créatrice, le goût des idées générales, et d’obscurcir, par une érudition prématurée, le spectacle même de la vie ? Bienfaisante pour la moyenne des intelligences, ne présente-t-elle aucun danger pour les esprits les plus vigoureux ? Or, Vanderkindere était de ceux-là, et faut-il regretter que, capable d’embrasser de vastes horizons, il se soit laissé aller au plaisir qu’il y éprouvait, qu’il ait meublé sa mémoire d’une foule de connaissances variées qu’il avait la force de synthétiser et d’organiser, qu’il ait enfin consacré à lire des philosophes le temps qu’il eût pu employer à discuter des textes et à critiquer des sources ? Lorsque, en 1865, il quitta le doctorat en philosophie et lettres, il n’était certes pas un érudit. On ne lui avait jamais parlé ni de paléographie ni de diplomatique, et il ignorait aussi profondément que tout le monde autour de lui. ce qu’est un séminaire historique. De tout cela devait, plus tard, résulter pour lui, bien du temps perdu, bien des difficultés, çà et là, peut-être, dans ses œuvres, quelques