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une résignation que l’on pourrait prendre pour de la reconnaissance ?

Suivant les tempéraments, des doctrines aussi nettes, une foi aussi profonde poussent les hommes à l’action ou à l’étude. Les uns éprouvent le besoin impérieux de faire triompher des idées qui leur apparaissent avec le caractère de vérités évidentes ; les autres, regardant en eux-mêmes plutôt qu’au dehors, songent tout d’abord à compléter, si l’on peut dire, leurs convictions, à les enrichir, à les éprouver, à en rechercher les raisons profondes à en examiner les conséquences. C’est à ceux-ci qu’appartenait Vanderkindere. Son libéralisme ne le conduisit point, comme tant de ses brillants contemporains dont il fut le condisciple ou l’ami, à l’action politique directe. Il lui servit pour ainsi dire de ressort pour bander son activité intellectuelle ; la force qu’il mettait en lui s’appliqua tout de suite à l’étude.

Dès la candidature en philosophie, il songe, tout en préparant ses examens, à entreprendre un travail sur l’œuvre de Jacques Van Maerlant. D’où vient ce choix ? C’est qu’il voit dans le poète de Damme le prophète de la démocratie flamande, l’ennemi des princes, le barde de cette démocratie urbaine qui a vaincu à Courtrai et dans laquelle il salue l’héroïque défenseur de la liberté contre le despotisme. Ce travail projeté, d’ailleurs, il ne l’écrivit pas. Mais il était utile d’en relever ici le dessein. Ne peut-on pas le considérer, en effet, comme la première ébauche, dans l’esprit du jeune étudiant, de ce Siècle des Artevelde que l’homme mûr devait écrire ?

Les études juridiques semblent avoir exercé moins d’action sur Vanderkindere que son premier contact avec