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nous a-t-il raconté lui-même, Verhaegen vivait encore ; à ses côtés se trouvaient quelques-uns des créateurs de l’œuvre de 1834 ; le corps professoral, en grande partie renouvelé, était pénétré de la foi libérale des premiers jours ; tous pratiquaient un véritable apostolat : Altmeyer, cet évocateur à la parole vibrante et originale, Tiberghien, qui enseignait la philosophie du libéralisme, Van Bemmel qui, sous une forme plus douce, n’avait ni moins d’enthousiasme ni moins de fermeté. Profonde était l’impression que ces maîtres exerçaient sur les jeunes esprits. » Elle le fut surtout sur celui de Vanderkindere. À la parole de ses maîtres son libéralisme familial devint une doctrine consciente d’elle-même, une véritable philosophie non seulement politique, mais aussi morale. Elle lui donna la règle de vie à laquelle il devait jusqu’au bout rester fidèle. La liberté lui apparut, dès lors, dans tous les domaines, en religion, en morale, en politique comme dans l’ordre économique, la condition essentielle du développement de l’humanité, le but suprême à atteindre et duquel dépendaient à la fois la dignité et la valeur de l’individu. Dès lors, tout ce qui s’oppose à elle – en dehors de la liberté d’autrui – doit être également condamné. Une Église hiérarchisée, un État centralisateur doivent disparaître comme des entraves barrant la route au progrès. En vertu d’une nécessité logique de sa philosophie. Vanderkindere sera donc nettement anticlérical, et il sera aussi, du moins pendant assez longtemps anti-français. La France ne vient-elle point, en effet, au moment où il s’éveille à la pensée, de subir le coup d’État de Napoléon III ; n’est-elle point tombée dans le plus complet despotisme et ne s’en accommode-t-elle pas avec