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Si le Siècle des Artevelde est une œuvre de premier ordre et restera un des joyaux de notre littérature historique, il n’obtint pas d’emblée le succès qu’il méritait. Sa réputation ne s’est établie qu’avec le temps. C’est là une preuve significative de sa haute valeur, mais c’est aussi peut-être la raison pour laquelle Vanderkindere renonça au projet qu’il avait formé d’entreprendre, pour l’époque bourguignonne, un second ouvrage du même genre. À moins que – et cette explication me paraît plus plausible pour un caractère aussi dédaigneux que le sien de réclame et de popularité – les absorbantes fonctions publiques dont il fut revêtu de 1880 à 1884 ne lui aient point laissé le temps d’accomplir son dessein.

Quand il put de nouveau s’adonner tout entier à ses études, vers 1885, ce ne fut plus vers la synthèse, mais vers l’analyse qu’il se porta. C’est là, nous l’avons déjà dit, un phénomène caractéristique de son évolution intellectuelle. Tandis que, chez la plupart des érudits, l’ambition des grandes œuvres d’ensemble succède à l’étude patiente et minutieuse des détails, chez Vanderkindere on observe très nettement la tendance inverse. Il n’est plus revenu aux vastes tableaux où il venait de révéler sa maîtrise. Il ne donna point de pendant au Siècle des Artevelde. On voudrait en connaître les raisons. Il ne nous les a point dites et l’on ne peut que les soupçonner. Mûri par l’âge et la vie politique, se défiait-il de tout ce qu’il y a forcément de subjectif dans nos reconstructions du passé ? Ou plutôt, obéissant aux tendances profondes de son esprit, se sentait-il invinciblement attiré par les problèmes les plus difficiles de l’érudition Son cours pratique, qu’il reprit en 1887, peut avoir contribué aussi à