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nuisible. Ils ne produisirent point l’effet qu’ils auraient dû produire et qu’il avait pensé sans doute, avec la confiance de la jeunesse, qu’ils produiraient à coup sûr. On lut à peine son travail et l’on n’en remarqua pas la portée. L’Histoire des libertés communales, d’Alphonse Wauters, qui parut quatre ans plus tard, ne le mentionne même pas !

Le Siècle des Artevelde, publié en 1879, montre que les préoccupations de Vanderkindere restaient tournées vers l’histoire des villes. Rien d’étonnant à cela. Les villes ne furent-elles pas, en effet, à toutes les époques, dans un pays de commerce et d’industrie comme la Belgique, les organismes les plus actifs et les plus vivants du corps social ? Et n’est-ce pas justement au XIVe siècle qu’elles arrivèrent à l’apogée de leur puissance et déployèrent un héroïsme dont le souvenir est resté populaire jusqu’à nos jours ? Déjà, Conscience dans le Tribun de Gand, Kervyn dans son Histoire de Flandre avaient exalté le nom des deux Artevelde. Ces grandes figures passionnèrent Vanderkindere. Libéral, il voyait dans les deux capitaines gantois les partisans de la liberté contre la tyrannie des princes féodaux, en même temps que ses théories ethnographiques lui faisaient apparaître en eux les représentants de la race germanique aux prises avec le « despotisme latin » venant de France. Ainsi, les enthousiasmes de la jeunesse se retrouvent dans le livre de son âge mûr. Une conviction passionnée s’y révèle d’un bout à l’autre ; on sent que l’auteur prend parti dans les conflits qu’il raconte, qu’il plaide pro domo. Le style s’anime, se colore et il atteint dans bien des passages à une éloquence spontanée. L’œuvre est, pour ainsi dire, toute frémissante et l’effet en est d’autant plus grand qu’