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CHAPITRE XXXI
DESCRIPTION DES ÉCLIPSES[1]

Le temps d’une éclipse de soleil et de lune est favorable aussi longtemps que l’éclipse est visible. Si l’éclipse commence et est apparente dans une autre île, mais invisible dans le pays même, son temps n’est pas propice. De même aussi si l’éclipse commence avant le lever du soleil, le temps de l’éclipse avant le lever du soleil n’est pas propice, mais si l’éclipse est rendue invisible par des nuages, etc., alors on doit s’assurer au moyen des livres d’astronomie, almanachs, etc., du moment exact où elle commence et finit, et accomplir les cérémonies du bain, des dons aux brâhmanes, etc.

Les éclipses de soleil du dimanche et celles de lune du lundi sont appelées « Éclipses joyaux » et les rites de donations aux brâhmanes, etc., accomplis en ce temps sont très méritoires.

Pendant une éclipse les rites doivent suivre régulièrement l’ordre suivant : au commencement, le bain ; au milieu, l’adoration et l’oblation aux dieux, le

  1. Pour comprendre cette description des éclipses avec les contaminations qu’elles entraînent, et leurs rites, il faut se souvenir que les éclipses du soleil et de la lune sont attribuées au pouvoir néfaste de Rāhu, démon de la classe des Daityas. On croit que les éclipses partielles de la lune et du soleil sont produites par Rāhu qui cherche à dévorer ces deux astres ; mais qui les lâche, bientôt empêché dans son œuvre ténébreuse par les prières, les incantations et les rites des fidèles ; quant aux éclipses complètes elles sont produites par ce même Rāhu qui avale le soleil et la lune, mais est obligé de les dégorger ensuite par les mêmes influences de la prière, des incantations et des rites. L’envie qu’il a de nuire à ces deux astres, provient du désir qu’il éprouve de se venger de ce que le soleil et la lune l’ont jadis empêché de goûter avec les dieux, parmi lesquels il s’était introduit sous un déguisement, au Nectar de l’Immortalité qu’ils venaient de trouver et qu’ils s’apprêtaient à boire.