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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Si pendant un sacrifice il survient une contamination[1] des choses à offrir et qu’on en soit averti après que la partie du sacrifice appelée Svishtakrit[2] a été accomplie et avant que l’incantation du Yajur-Véda appelée Samishta[3] ne soit prononcée, il faut accomplir le rite de pénitence, occasionné par la contamination, à ce moment même, et recommencer le sacrifice avec la cérémonie des semailles[4] ; mais, si on est averti de la contamination seulement vers la fin du sacrifice, il faut alors le finir et en accomplir un nouveau, recommençant même par l’acte d’allumer le feu.

Tel est le vingt-neuvième chapitre, définition des Rites de Désir et des Rites Accidentels.


  1. Cette souillure a lieu quand les objets qui doivent être offerts et les brâhmanes qui officient sont touchés ou même seulement regardés par un homme de basse caste ; touchés par un autre brâhmane qui ne s’est pas baigné et n’a pas revêtu des habits nouvellement lavés, par des chats, des chiens, des rats, des corbeaux, des poules, etc. ; ou bien encore par la chute de mouches, ou d’insectes dans les offrandes qui doivent être brûlées et par beaucoup d’autres causes.
  2. Le mot Svishtakrit signifie « l’exaucement du désir », c’est-à-dire, qu’on désire obtenir quelque faveur spéciale au moyen de ce sacrifice. La partie du sacrifice qui porte ce nom se compose de l’holocauste d’un mélange de ghee, de riz bouilli, de fruits, etc., et on croit qu’elle rend tout le sacrifice agréable aux dieux et a pour effet de leur faire accorder ce qu’on désire obtenir au moyen du sacrifice tout entier.
  3. Samishta est l’incantation du Yajur-Véda qu’on prononce à la fin du sacrifice pour unir ses différentes parties et les rendre fructueuses.
  4. Pour comprendre le sens de cette cérémonie, il faut se rappeler qu’au moment des sacrifices, avant qu’on offre le riz, etc., ce riz doit passer symboliquement entre les mains du brâhmane officiant par les phases naturelles du semage, de l’arrosage, de la moisson, du vannage et de la cuisson. Le brâhmane officiant, prend donc des poignées de riz et fait semblant de les semer dans un panier d’osier en forme de van, puis il jette des poignées d’eau sur le grain pour figurer la pluie. Alors il attend quelques minutes en prononçant des incantations et en méditant sur le riz qui est censé pousser et grandir. Lorsqu’il est sensé mûr il est recueilli dans le panier, vanné, lavé à l’eau et cuit avec de nombreuses incantations. Après la cuisson on l’offre en sacrifice. La cérémonie de semailles du texte se rapporte au semage du riz dans le panier.