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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

taires consiste en ceci que l’holocauste (qui s’y rapporte) doit être célébré avec les Sons Sacrés[1]. Quand le vœu sacrificatoire d’un jeûne est accompli en l’honneur d’une certaine divinité, on doit adorer cette divinité, la contempler mentalement, écouter les récits de ses actions, la louer et la glorifier en répétant ses (nombreux) noms[2], etc.

Pendant le jeûne, on doit oublier la vue et l’odeur de la nourriture, ne pas s’oindre d’huile, ne pas mâcher de pan-supāri[3], ne pas s’enduire le corps d’onguents odorants[4]. Les femmes mariées, pendant le temps heureux de leur mariage, ne doivent pas oublier l’onction d’huile, le pan-supāri, etc., quand elles accomplissent des vœux.

Les huit choses suivantes n’altèrent pas un vœu (quant à son jeûne) : l’eau, les racines, les fruits, le lait, le beurre clarifié (voir note 75), (la satisfaction des) désirs d’un brahmane, l’ordre du prêtre directeur de la famille, et la médecine. Si le vœu est rompu par négligence ou par toute autre cause, il faut observer un nouveau vœu avec jeûne de trois jours et rasage. Si quelqu’un est trop délicat pour accomplir un jeûne, il doit en remplacement et comme pénitence donner un repas à un brahmane[5], ou l’équivalent en argent, ou prononcer 1,000 incantions Gāyatri[6], ou accomplir douze fois la cérémonie

  1. L’expression traduite ici par Sons Sacrés est Vyāhriti, qui s’applique surtout aux trois mots Bhur, Bhurar, Svar, qui se prononcent au commencement de presque toutes les incantations, les prières et les rites. Bhur est la terre, Bhuvar l’espace entre la terre et le soleil, Svar l’espace entre le soleil et l’étoile polaire. Outre ces trois mondes, il y en a quatre autres, en tout sept mondes supérieurs au monde terrestre, dont chacun est plus élevé et meilleur que celui qui le précède. Les quatre derniers se nomment : Mahar, Janar, Tapar et Satya-loka. On dit que les âmes qui atteignent à ce dernier monde sont exemptées de nouvelles transmigrations. Quand il s’agit des rites, on emploie souvent, de la même manière que Bhur, Bhuvar et Svar, le nom du quatrième, Mahar, et rarement ceux des trois derniers.
  2. Vishnu, par exemple, a mille noms qu’il est très méritoire de répéter dans leur ordre respectif.
  3. La feuille de l’arbre à Bélel poivré, avec un morceau de noix d’aréca, de la chaux, du cardamome, du tabac et autres ingrédients, que les indigènes mâchent après leurs repas et qu’ils offrent à leurs hôtes et à leurs visiteurs.
  4. On emploie surtout de la poudre de bois de sandal mélangée à de l’huile douce, de la poudre de racine de safran des Indes, du bois d’aloès et de la feuille du safran. On s’en frotte le front, le bras, la poitrine et quelquefois tout le corps.
  5. Si celui qui l’offre est un brahmane, le repas doit être servi cuit ; mais si le donateur est d’une autre caste, la nourriture doit être offerte en nature à cause de la contamination qu’occasionnerait un repas offert par une personne de caste basse.
  6. Le mot Gāyatri signifie chant ou hymne. On donne ce nom à ce genre d’hymnes du Rig-Véda dont le mètre se compose d’un triplet de trois parties de huit syllabes chaque, mais surtout à cet hymne particulier, qui se trouve dans le Rig-Véda, III, 62, 10, qui accompagne tous les rites religieux ; on le considère comme l’incantation la plus sainte des brahmanes et des deux fois nés et si sacrée que c’est