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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Le passage du soleil dans le Taureau, le Lion, le Scorpion et le Verseau est appelé le « Pied de Vishnu 37 ; son passage dans les Gémeaux, la

    tant de se rappeler aussi que c’est à peu près à cette époque que vivait le grand mathématicien Aryabhatta, père de l’astronomie indoue, à qui on attribue l’introduction de la connaissance de la précession des équinoxes dans l’astronomie de l’Inde (voir Lassen : Indische Alterthumskunde, p. 1144). Le commentaire de l’Aryabhattija dit qu’Aryabhatta naquit à la fin du trente-sixième siècle du Kaliyuga, et puisque le Kaliyuga commence en 3102 avant J.-C., Aryabhatta doit être né après l’an 500 de notre ère, fait qui corrobore notre opinion que les Ayanaushas (pris dans le sens de notre texte, c’est-à-dire de précession des équinoxes) ont été calculés pour la première fois en 444 de Shalivahana, ou 522 après J.-C. (Voir : On the alphahetical notation of the Hindus, par C. M. Wish, dans Trans. of the Lit. Soc. of Madras, t. I, p. 54)

    D’après ce que nous venons de dire, il y a trois points évidents :

    1o  Aucun rite se rattachant à ces Aynâṉshas, ou degrés de la précession des équinoxes, ne peut avoir été célébré avant l’année 444 de l’ère de Shâlivâhana ;

    2o  Tous les traités ou livres contenant une allusion quelconque à la précession des équinoxes (c’est-à-dire, Ayanâṉsha pris dans le sens de notre texte), ou à des rites liés à ces Ayanâṉshas doivent avoir été écrits après l’année 444 de l’ère de Shâlivâhana ;

    3o  La découverte de la précession des équinoxes par le Grec Hipparque est antérieure de 652 ans à la connaissance de ce phénomène dans l’Inde.

    Le lecteur trouvera peut-être moins concluante la conjecture que ces 60 années concordantes avec les 60 Ayanâṉshas de la précession des équinoxes concordent aussi avec le célèbre cycle de 60 ans appelé par les auteurs modernes « Cycle de Jupiter », que nous avons expliqué dans la note 21, et que son origine, qu’on n’a pas encore expliquée ou même soupçonnée, doit être cherchée précisément dans ces Ayanâṉshas. Il est évidemment superflu de démontrer qu’aucun chercheur sérieux ne peut se contenter de l’hypothèse de quelques auteurs modernes qui voient dans ce cycle de Jupiter de 60 ans un simple calcul fictif basé sur la multiplication d’un cours de Jupiter équivalant à 12 années par un nombre mystique 5, et je prétends qu’on doit tenir pour absolument impossible que l’origine de ce cycle, connu et appliqué partout et par toutes les sectes dans l’Inde, puisse reposer sur une autre base qu’un fait astronomique réel, tel que, par exemple, le phénomène astronomique des Ayanâṉshas de notre texte qui correspondent dans toutes leurs parties avec le cycle de Jupiter. La date de l’origine de ces Ayanâṉshas c’est-à-dire, l’an 444 de l’ère de Shâlivâhana, convient aussi parfaitement à notre théorie de l’origine de ce cycle, car il est bien établi (voir Lassen : Indische Alterthumskunde) que le cycle dit de Jupiter est de l’époque post-védique et qu’on n’en retrouve la trace que jusqu’au temps de Vahâra Mihîra qui vivait précisément à cette date de 444 de l’ère de Shâlivâhna. On ne nous embarasse pas en objectant que si ce cycle porte le nom de « Cycle de Jupiter » il doit avoir quelque rapport avec la planète de ce nom. À cela nous répondons : premièrement, que cette appellation est d’origine moderne et fut inventée probablement après qu’on eût imaginé la fallacieuse multiplication de 12 par 5 dont nous venons de parler ; secondement, que s’il se trouvait que cette appellation fût de date plus ancienne cela ne prouverait absolument rien, puisque Jupiter est par dessus tout le grand et savant précepteur des dieux et qu’on attache toujours son nom à toutes sortes de recherches scientifiques. Est-il donc si difficile de comprendre que ce cycle de 60 ans reposant sur la savante découverte de la précession des équinoxes ait été attribué à Jupiter et qu’on lui ait donné son nom ? On pourrait nous faire cet autre objection tout aussi audacieuse que si le cycle avait commencé avec les Ayanâṉshas en 444 de Shâlivâhana l’année 1802 (1880 de notre ère) devrait porter le nom de Krodlii (suivant la note 21) tandis que dans le pays de Mahârashtra, par exemple, elle est dénommée Pramathi. Mais il est bien établi que si dans toute l’Inde et dans toutes les sectes indoues on se sert du cycle de 60 ans, il ne commence pas partout par la même année et que l’année 1802 porte des noms différents dans les différents pays et même dans les divers calendriers d’un même pays. Quant à ce fait que les astronomes indous ont dans leurs traités des computations d’après lesquelles l’ensemble du Kaliyuga (voir note 00) est divisé en cycles de 60 années, il faut se rappeler qu’ils divisent ainsi non seulement le Kaliyuga, mais aussi tout leur Kalpa, période de 4,320,000,000 d’années et que tout cela n’est évidemment qu’un procédé après coup.

    Je ne puis exprimer aucune opinion en ce qui concerne la croyance de quelques auteurs à l’exis-