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LE DHARMASINDHU

Les soixante années de cycle appelées Prabhava, Vibhava, Shukla, etc.[1], sont des années lunaires.

L’année solaire a 365 jours[2] ; c’est le temps que met le soleil à parcourir les douze constellations zodiacales en commençant dans le Bélier[3].

    ne peut connaître qu’en consultant chaque jour le calendrier, sont encore employées pour l’usage civil et religieux dans toute l’Inde indoue, et comme les unes sont tenues pour saintes et d’autres pour néfastes, telles que, par exemple, la Tithi-Vriddhi et la Kshaya-Tithi, dont nous venons de parler, l'Amārāsiā ou date de la nouvelle lune et la Paurnimā ou date de la pleine lune, ainsi que d’autres divisions en dates fastes ou néfastes, le vulgaire est obligé, dans tous les actes de sa vie, d’avoir recours à la science des Brahmanes, des Gurus et des Shastris, qui le tiennent dans un véritable esclavage.

    Quant aux fameuses « Tables solaires indiennes » données au savant Bailly par les missionnaires jésuites Patouiilet et Du Champ, et sur lesquelles ce savant a édifié dans son Astronomie indienne et orientale un remarquable édifice de suppositions au sujet des deux dates 1491 et 3102 avant J.-C, auxquelles on prétendait faire remonter ces dites Tables solaires, afin de prouver que les cours du soleil et l’année solaire étaient déjà connus dans l’Inde à cette époque reculée, le grand Laplace a prouvé, dans son « Système du monde», pages 330-332, qu’elles ne pouvaient avoir existé, puisque, suivant l’astronomie scientifique, la conjonction générale du soleil, de la lune et des planètes mentionnée dans ces tables ne peut pas avoir eu lieu à ces dates, et qu’elles n’étaient que de pures inventions spéculatives d’une époque relativement moderne computées rétroactivement.

    Tout le monde sait que, pendant des siècles, les Juifs ont employé les mois et l’année lunaires. Comme les Indous, ils ont une année lunaire commune de 354 jours, composée de douze mois lunaires de 29 et 30 jours alternativement ; ou bien quelquefois deux mois de 29 jours sont suivis de deux mois de 30 jours. Ils ont aussi une année embolismique de 354 jours composée de treize mois lunaires, ce treizième mois servant à faire concorder l’année lunaire avec les saisons. Ces douze mois se nomment : Nissan, Iyar, Sivvan, Tammuz, Ab, Ellul, Tishri, Heshvān, Kislev, Tebet, Shebat et Adar. Dans l’année embolismique ce dernier mois est redoublé et s’appelle, par conséquent, Veadar. Les Musulmans et les Arabes ont aussi employé l’année lunaire ; c’est un fait bien connu, établi par beaucoup d’auteurs qui ont écrit sur leurs lois et leurs coutumes et qu’il est inutile de faire figurer ici. On ne peut donc douter que les lunaisons aient été les premières mesures du temps dans les âges primitifs et chez les nations de l’antiquité.

  1. Les soixante années du cycle se nomment ; Prabhava, Vibhava, Shakla, Pramoda, Prajāpati, Angira, Shrimukha, Bhava, Yuvā, Dhāta, Ishvara, Bahudhania, Pramâthi, Vikrama, Vṛisha, Ćhitrabhānu, Subhānu, Tārana, Pārthiva, Vyaya, Sarvajit, Sarvadhāri, Virodhi, Vikṛiti, Khara, Nandana, Vijaya, Jaya, Manmatha, Durmukha, Hémalambi, Vilambi, Vikāri, Shārvari, Plava, Shubhakrit, Shobana, Krodhi, Vishvavasu, Parābhava, Plavanga, Kilaka, Saumya, Sādhārana, Virodhakrit, Paridhāvi, Pramadi, Ananda, Rākshasa, Anala, Pingala, Kālayukta, Sidhārti, Raudra, Durmati, Dundubhi, Rudhirodgāri, Rakākshi, Krodhana et Kshaya (En ce qui concerne l’origine de ce cycle, voir le dernier paragraphe de la note 36).
  2. C’est évidemment un chiffre rond, car les astronomes indous du sixième ou même du cinquième siècle de notre ère connaissaient déjà la fraction à ajouter, tout en lui faisant dépasser le véritable cours du soleil d’environ une heure indienne ou 24 minutes. L’auteur du Sidhanta Shiromany donne comme longueur de l’année solaire 365 jours, 15 ghaṭikas, 30 palas, et 22 1/2 vipalas. La ghaṭika est de 24 minutes, le pala de 24 secondes et le vipala de 24 tierces.
  3. Cette année solaire de 365 jours ne peut pas avoir été en usage chez les Indous, ou même connue d’eux, à une époque très reculée de leur histoire, puisque : 1° toutes leurs cérémonies religieuses sont réglées sur l’année lunaire (voir note 20) ; 2° leur année actuelle, bien qu’elle soit mise en concordance avec l’année solaire depuis près de 1400 ans (voir note 36), est une année absolument lunaire avec intercalations, ainsi que nous l’avons démontré note 20 ; 3° au commencement même de ces cérémonies qu’ils accomplissent actuellement pour célébrer certains événements solaires (par exemple à chacun des douze passages solaires dans les signes du zodiaque) ils ont bien soin de dire et de répéter la date de l’année lunaire, ainsi qu’il est expliqué note 20 ; 4° s’ils avaient connu l’année solaire ils n’auraient