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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

1. Un éléphant blanc comme la neige et l’argent, à six défenses, aux beaux pieds, à la trompe superbe, à la tête bien rouge, est entré dans mon sein ; le plus beau des éléphants, à la démarche gracieuse, aux jointures du corps fermes comme le diamant.

2. Et jamais, par moi, pareil bonheur n’a été tu, entendu ni goûté ; de sorte que, dans un état de plaisir pour le corps, de bien-être pour l’esprit, j’ai été complètement absorbée par la contemplation.


Ensuite Màyâ-Dêvi s’étant bien parée d’ornements et de vêtements, ayant le corps et l’esprit dans le bien-être, remplie de joie, d’allégresse et de bonheur, après s’être levée de la couche excellente, entourée et précédée d’une troupe de femmes, étant descendue du haut du plus beau des palais, se rendit à l’endroit où était le bois d’Açokas. Assise dans le bois d’Açôkas, elle envoya un message au roi Çouddhodana, en ces termes : Que le roi vienne ; la reine désire le voir ?

Alors le roi Çouddhodana ayant entendu ces paroles, eut l’esprit rempli de joie et soulevant son corps et s’étant levé de son siège excellent, entouré et précédé dos conseillers, des habitants de la ville, de sa suite et de ses parents, se dirigea du côté où était le bois d’Açôkas, et y étant arrivé, il ne put entrer dans le bois d’Açôkas, et se sentit lui-même comme tout apesanti. Arrêté à la porte du bois d’Açôkas, après avoir réfléchi un instant, il récita cette Gâthâ :


3. Je ne me souviens pas d’avoir, quand je me suis trouvé en tête d’une bataille de braves, senti mon corps aussi pesant qu’aujourd’hui. Je ne puis pas même pénétrer dans le séjour de ma propre famille ; qu’est-ce donc qui m’arrive et qui interrogerais-je à ce sujet ?


Alors les fils des dieux Çouddhàvàsa kàyikas qui se tenaient dans l’étendue du ciel ayant fait voir la moitié de leur corps, adressèrent cette Gâthâ au roi Çouddhodana :


4. Riche d’austérités, de pénitences et de qualités, digne des hommages des trois mille mondes, ayant acquis la douceur et la mansuétude, consacré par les bonnes œuvres et la science, après être descendu de la demeure du Touchita, le Bodhisattva magnanime, ô maître des hommes, est, en qualité de ton fils, entré dans le sein de Mâyâ.

5. Alors, après avoir joint les dix doigts, et fait un mouvement de tête, le maître des hommes entra (dans le bois), rempli de respect ; puis, après avoir regardé Mâyâ,