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LALITA VISTARA. — CHAPITRE V

quoique employés en abondance, ne s’épuisent pas. Tel est le cinquième signe précurseur.

Et ce qu’il y a, dans la demeure excellente et pure du roi Çouddhôdana, au milieu des grands appartements des femmes, de gros tambours, de tambours de terre (cuite), de tambours d’airain, de luths, de harpes, de flûtes, de théorbes, de cymbales, tous les instruments sans exception, rendent d’eux-mêmes, et sans être touchés, un son doux et mélodieux. Tel est le sixième signe précurseur.

Et ce qu’il y a, dans la demeure pure et excellente du mi Çouddhôdana de réceptacles où sont l’or, l’argent, les diamants, les perles, les lapis-lazulis, la nacre, le cristal, le corail et le reste des trésors, sans exception, s’étant ouverts, apparaissent purs, brillants et tout pleins. Tel est le septième signe précurseur.

Cette demeure fut éclairée de tous les côtés par une lumière parfaitement pure, effaçant les clartés du soleil et de la lune, et produisant le bien-être dans le corps et l’esprit. Tel est le huitième signe précurseur.

Mâyâ Dêvî s’étant baignée, ayant frotté son corps avec des onguents, couvert ses bras de divers ornements et revêtu les habits de fête ? les plus beaux et les plus fins ; remplie de contentement, de joie et de bonheur, entourée et précédée de dix raille femmes, s’étant approchée de la personne du roi Çouddhôdana assis à l’aise au milieu de la salle de concert, et s’étant assise à sa droite sur un siège d’honneur orné d’un réseau précieux, avec un visage riant et sans froncement de sourcils, parla au roi Çouddhôdana en ces Gâthâs :

1. Écoutez-moi, excellent Seigneur, protecteur de la terre ; la grâce que je vous demande aujourd’hui, accordez-la-moi. L’intention qui fait la joie de mon cœur apprenez-la de moi ; ayez le cœur joyeux et satisfait.

2. J’entreprends, Seigneur, la pratique d’une conduite austère, du jeûne et de la prostration des huit membres, avec une pensée de compassion pour le monde. Évitant de nuire aux êtres animés, ayant une pensée toujours pure, de même que je suis bonne pour moi-même, je fais de même pour les autres.

3. Ayant l’esprit bien éloigné du vol, ayant mis de côté l’orgueil et la convoitise, 6 roi, je n’obéirai pas, à tort, aux désirs. Demeurant dans la vérité, sans méchanceté, sans rudesse, je ne prononcerai jamais de vaines paroles opposées à la vertu.

4. Ayant abandonné la malveillance, la méchanceté, la haine, le trouble et l’orgueil,