Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
LALITA VISTARA. — CHAPITRE III

Pourquoi, Religieux, le Bodhisattva se livrait-il à l’examen du temps ? (Parce que) un Bodhisattva, au premier développement du monde, lors du rassemblement des êtres, n’entre pas dans le sein d’une mère. Mais quand le monde s’est manifesté tout entier, et que sont apparues la vieillesse, la maladie, la mort, c’est alors qu’un Bodhisattva entre dans le sein d’une mère.

Pourquoi, Religieux, le Bodhisattva se livra-t-il à l’examen des continents ? (Parce que) les Bôdhisattvas ne naissent pas dans un continent de barbares ; ne naissent pas dans le Poûrvavidêha, dans l’Aparagôdâni, ni dans l’Outtarakourou ; mais ils naissent certainement dans le Djamboudvîpa.

Pourquoi, Religieux, le Bodhisattva se livra-t-il à l’examen des pays ? (Parce que) les Bôdhisattvas ne naissent pas dans les pays de barbares, où sont des races d’hommes obscurcis, stupides ; des races muettes comme des béliers, et incapables de distinguer le sens du bon enseignement et du mauvais ; mais les Bôdhisattvas naissent dans les pays du milieu même.

Pourquoi, Religieux, le Bodhisattva se livra-t-il à l’examen des familles ? (Parce que) les Bôdhisattvas ne naissent pas dans une famille abjecte, dans celle d’un Tchandâla (Paria), d’un joueur de flûte, d’un charron ou d’un domestique. Ils naissent certainement dans deux familles, celle des Brahmanes et celle des Kchattriyas. Quand c’est la famille des Brahmanes qui est respectée, ils naissent dans une famille de Brahmanes ; quand c’est la famille des Kchattriyas qui est respectée, ils naissent dans une famille de Kchattriyas. Aujourd’hui, Religieux, la famille des Kchattriyas est respectée, c’est pour cela que les Bôdhisattvas naissent dans une famille de Kchattriyas. C’est en s’appuyant sur cette force du raisonnement que le Bodhisattva, pendant son séjour dans la demeure excellente du Touchita, se livrait aux quatre grands examens ; et après s’y être livré, il resta silencieux.

Alors ces fils des dieux et ces Bôdhisattvas se demandèrent l’un à l’autre : Dans quelle perle des familles le Bodhisattva naîtra-t-il ? dans le sein de quelle mère entrera-t-il ?

Et là quelques-uns dirent : La famille de Vaidêhi, dans le pays de Magadha, qui a prospéré et s’est accrue dans le bien-être, est celle qui convient pour que le Bodhisattva y entre et demeure dans le sein d’une mère.

D’autres dirent : Elle n’est pas convenable ; et pourquoi ? Parce qu’elle