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LALITA VISTARA. — APPENDICE

ordonné quand son esprit était affaibli, parla ainsi à ces Religieux : — Amis, en voilà assez ; ne pleurez plus, ne vous lamentez plus. Nous voilà heureusement délivrés de cet ascète qui nous tenait sous sa domination en disant : — Cela vous est permis, cela ne vous est pas permis ; maintenant, tout ce que nous voulons, nous pouvons le faire et laisser de côté ce que nous ne voulons pas.

Là-dessus, le vénérable Mahâ Kâçyapa parla ainsi aux Religieux : — Amis, ne pleurez pas, ne vous lamentez pas. — Pourquoi ? — Cela n’a-t-il pas été solennellement déclaré par Bhagavat lui-même : — Au milieu même de toute communauté de personnes heureuses et contentes, ne vient-il pas à se manifester des causes de destruction et de changement ? Amis, comment pouvons-nous, en ce monde, obtenir une durée permanente ?

Ce n’est pas seulement en disant de toute chose qui est née ou autrement produite, qui, par sa nature périssable est passagère :« certainement elle ne périt pas, » que cette chose passera.

En ce moment, à Kouçinagara, quatre chefs Mallas s’étant purifiés de la tête aux pieds et s’étant revêtus d’habits neufs, dirent : Nous approcherons la torche du bûcher[1] funéraire de Bhagavat, mais ils ne purent y mettre le feu. Les Mallas de Kouçinagara demandèrent alors au vénérable Auirouddha : — Seigneur Anirouddha, comment et par quelle cause ces quatre chefs Mallas qui sont purifiés de la tête aux pieds et vêtus de vêtements neufs et qui ont dit : Nous voulons mettre le feu au bûcher funéraire de Bhagavat, ont-ils été incapables de l’enflammer ?

— Parce que, descendant de Vasichtha, la volonté des dieux était différente.

— Seigneur, quel est donc le désir des dieux ?

— Descendants de Vasichtha, le vénérable Mahâ-Kâçyapa, accompagné d’une grande suite composée de cinq cents Religieux, est maintenant en route de Pâvâ à Kouçinagara, et tant que Mahâ Kâçyapa ne se sera pas inchné avec les bras levés aux pieds de Bhagavat, le bûcher funéraire de Bhagavat refusera de prendre feu.

— Seigneur, quelle que soit la volonté des dieux, il faut s’y conformer. Après cela, à l’endroit où se trouvait la salle de couronnement des Mallas

  1. Il était de bois de sandal et avait 120 coudées de haut.