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LALITA VISTARA. — APPENDICE

si on les avait abattus, et d’autres tournaient sur eux-mêmes en criant :

— Trop tôt Bhagavat a expiré ; trop tôt Sougata a expiré : trop tôt il a fermé l’œil (qui veillait) sur le monde !

Mais les Religieux qui avaient obtenu la qualité d’Arhat, rassemblés et recueillis, disaient : — Les choses qui passent sont périssables, comment pouvons-nous obtenir dans ce monde qu’il en soit autrement !

Le vénérable Anirouddha s’adressa alors aux Religieux : — Amis ! c’est assez ; ne pleurez plus, ne vous lamentez plus ! — Pourquoi ? — N’a-t-il pas été solennellement déclaré par Bhagavat lui-même que, même en toute communauté de personnes heureuses et contentes, arrivent la destruction et le changement. Amis ! comment, dans ce monde, pouvons-nous obtenir une durée permanente ? Ce n’est certainement pas en disant de toute chose, qui est née ou produite autrement et qui, par sa nature périssable, est transitoire : « assurément elle ne périt pas, » qu’elle ne passera pas. Amis ! les dieux nous font des reproches (pour nos lamentations).

Les Religieux demandèrent : — Seigneur, est-ce que le vénérable Anirouddha aperçoit les divinités ?

— Oui, ami Ânanda, les dieux regardent sur la terre du haut des cieux ; ils pleurent avec leurs cheveux épars ; ils se lamentent avec les bras levés ; ils tombent, se roulent sur eux-mêmes, en criant : — Trop tôt Bhagavat a expiré ; trop tôt Sougata a expiré ; trop tôt il a fermé l’œil (qui veillait) sur le monde ! »

Ici est répété, dans le livre d’où sont extraits ces détails, ce qui a été dit des Religieux, pour ceux d’entre eux qui avaient obtenu la qualité d’Arhat et ceux qui n’avaient pas obtenu ce degré de sainteté. Puis vient une description de la manière différente dont ils supportaient la perte du Bouddha.

Le vénérable Anirouddha et le vénérable Ananda passèrent le reste de cette nuit à discourir sur la Lui. À la pointe du jour, le vénérable Anirouddha parla ainsi au vénérable Ananda : — Ami Ananda, pars ; entre à Kouçinagara et avertis les tribus Mallas de cette ville en disant : — Descendants de Vasichtha, Bhagavat est arrivé au nirvàna ; sachez que c’est le temps de faire ce qu’il vous est prescrit de faire. Le vénérable Ananda, après avoir dit : — Oui, seigneur, obéissant à cette invitation, de bonne heure, le matin, se préparant et prenant