Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/428

Cette page n’a pas encore été corrigée
380
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

la mort de Çâkya, se hâtent de lui apporter leurs dernières offrandes, de lui soumettre quelques doutes sur certains articles de sa doctrine, et d’entendre ses instructions à ce sujet.

Avant de mourir, Çâkya dit de quelle manière on avait coutume de brûler anciennement les monarques universels (Tchakravartins), et ordonne à ses disciples de faire de même pour son corps. Suivant ses instructions, après avoir lavé plusieurs fois le corps avec toutes sortes d’eaux parfumées, ils le mettent dans un coffre de fer qu’ils emplissent d’huile végétale d’une odeur suave, et le gardent ainsi sept jours. Alors ils retirent le corps, l’enveloppent premièrement de coton moelleux, puis l’entourent de cinq cents pièces de toile de coton, après quoi ils le replacent dans le coffre, qu’ils remplissent de nouveau d’une huile végétale parfumée, et, après l’avoir gardé encore sept jours, ils le brûlent avec du bois de sandal et d’autres bois précieux et odoriférants.

Son corps ayant été brûlé ainsi, ils recueillirent les cendres qui, remplirent huit mesures (Drônas). On les déposa dans huit urnes, qu’on plaça sur huit trônes, richement ornés, et pendant plusieurs jours on leur offrit des adorations et des sacrifices, après quoi on les déposa dans un magnifique monument pyramidal (Tchâitya), dans la cité de Kouçinagara.

Les princes de l’Inde centrale, chez lesquels Çâkya Mouni avait vécu, apprenant sa mort, et désireux d’obtenir ses reliques sacrées, vont eux-mêmes ou envoient des gens pour en avoir une partie. Le peuple de Kouça leur permet de visiter le Tchâitya et d’honorer les reliques sacrées, mais refuse de leur en donner la moindre partie.

Après la mort de Çàkya, sa doctrine fut d’abord compilée par ses principaux disciples. Kâcyapa, qui lui succéda dans la hiérarchie, compila la classe des livres métaphysiques (S. Pradjnâpdramitâ), Ananda, la classe des préceptes moraux et récits légendaires (S. Soûtras), et Oupâli rédigea la classe appelé discipline (S. Vinaya). Ces trois compilations furent appelées les Trois corbeilles (S. Tripitakas), et aussi principaux préceptes (S. Prabhâchana).

Tous ces ouvrages sont maintenant trop volumineux ; leur étendue et leur contenu prouvent avec évidence qu’ils sont l’ouvrage de plusieurs âges successifs, quoique tous soient attribués à Çâkya. Cent dix ans après la