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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

dix points de l’espace. Ils exhortent à tourner la roue de la loi, le fils de la race de Çâkya, inclinés, les mains jointes sur le front et tombés à ses pieds.

29. Les arrangements qui, à Bôdhimaṇḍa, ont été faits par les dieux ; les arrangements faits par tous les fils des Djinas, tous ces arrangements sont appuyés sur la roue de la loi. Le Kalpa est achevé ; que tout ce qui a été dit ne l’ait pas été en vain !

30. Le ciel des trois mille mondes est rempli de tous les dieux et le sol de la terre est couvert d’Asouras, de Kinnaras et d’hommes ; pas même un bruit de toux n’est entendu en ce moment ; tous, l’esprit calmé, ont le regard tourné vers le Djina.

Ainsi, Religieux, le Tathâgata passa la première veille de la nuit en ne disant rien. À la veille du milieu de la nuit, il prononça un discours propre à enflammer. À la dernière veille de la nuit, après avoir appelé les cinq de bonne caste, il dit ceci : Ces deux extrêmes, Religieux, sont, pour un Pravradjita, ceux où il ne faut pas s’engager.

(1o) Celui où, pour satisfaire ses désirs on recherche les aumônes, où l’on est bas, grossier, vulgaire, désagréable aux gens honorables, rempli de malice ; où, dans la suite, on n’arrive ni à l’état de Brahmatchari, ni à l’indifférence, ni à l’absence de passion, ni à l’empêchement (de la naissance), ni à la sagesse, ni au revêtissement de l’Intelligence parfaite ni au Nirvâṇa !

(2o) Et cette voie qui n’est pas la moyenne, où on maltraite son propre corps en le tourmentant, où l’on est misérable, rempli de malice, ne voyant pas la loi ; ce qui, pour l’avenir, est la maturation complète de la douleur.

Après avoir marché à côté de ces deux extrêmes, c’est avec la voie moyenne que le Tathâgata enseigne la loi. Ainsi, par exemple, la vue parfaite, la volonté parfaite, la parole parfaite, la fin de l’œuvre parfaite, la manière de vivre parfaite, l’application parfaite, le souvenir parfait, la contemplation parfaite.

Voici, Religieux les quatre vénérables vérités. Lesquelles, au nombre de quatre ? La douleur, l’origine de la douleur, l’empêchement de la douleur, la voie qui conduit à l’empêchement de la douleur.

Et là, qu’est-ce que la douleur ? C’est la naissance même qui est la douleur, la vieillesse même, la maladie même, la mort même, la séparation même d’avec ce qu’on aime et l’union même avec ce qu’on n’aime pas, voilà la douleur. Ce qu’on désire et qu’on n’obtient pas en le recherchant avec ardeur, cela même est la douleur. En un mot, l’objet des cinq prises (de possession par les sens) étant douleur, c’est ce qu’on appelle la douleur.