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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

parfaite et accomplie d’un Bouddha, a, dans son peu d’empressement, l’esprit porté à ne pas enseigner la loi. Il faut donc, après nous être approchés du Tathâgata Arhat véritablement Bouddha parfait et accompli, que nous le priions de faire tourner la roue de la loi.

Alors, Religieux, le grand Brahmâ qui porte une crête de cheveux, entouré et précédé de soixante-huit millions de Brâhmanas, s’étant approché de l’endroit où était le Tathâgata, ayant salué ses pieds avec la tête et joignant les mains, lui parla ainsi : Hélas ! ce monde est perdu, Bhagavat ! hélas ! ce monde est complètement perdu, ô Bhagavat, puisque le Tathâgata, qui a revêtu la qualité d’un Bouddha parfait et accompli a l’esprit porté à ne pas enseigner la loi ! Que Bhagavat ait la bonté d’enseigner loi ! que Sougata enseigne la loi ! Ils sont bien disposés, les êtres, faciles à instruire, sincères, forts et capables de comprendre le sens de l’enseignement de Bhagavat. Et en ce moment, il récita ces Gâthâs :

9. Après avoir atteint le grand et sublime cercle de la sagesse et fait jaillir un rayon aux dix points do l’espace, lumière de sagesse, lotus des hommes, ô précepteur, tu restes indifférent, ô soleil des orateurs !

10. Après avoir invité les êtres au partage d’une vénérable richesse et avoir encouragé plusieurs dizaines de millions de créatures vivantes, cela n’est pas digne de toi, parent du monde, si, avec ton silence, tu négliges l’univers !

11. Bats fortement le tambour de la loi sans supérieure ; fais résonner promptement la conque de la bonne loi ; fais dresser le poteau (du sacrifice) de la loi sans supérieure ; fais briller le grand flambeau de la loi.

12. Fais pleuvoir l’eau excellente de la loi, fais traverser l’océan de la transmigration à ceux qui s’y trouvent ; délivre complètement ceux qui sont tourmentés de grands maux ; rends le calme à ceux que brûle la corruption naturelle !

13. Montre bien la route de l’apaisement, heureuse, prospère, sans vieillesse et sans chagrin. Pour le monde privé de guide et fourvoyé hors de la voie du Nirvana, ô guide, aies de la pitié !

14. Ouvre largement les portes de la délivrance complète ; enseigne la discipline vraiment sans trouble de la loi ; pour la multitude aveugle de naissance, ô guide, purifie l’œil excellent de la loi !

15. Ni dans le monde de Brahmâ, ni dans le monde des dieux, ni dans le monde des Yakchas, des Gandharvas et des hommes, il n’y en a d’autre que toi, en vérité, pour supprimer la naissance et la vieillesse, ô Lunus des hommes !

16. Je suis ton solliciteur, ô roi de la loi, après avoir fait de tous les dieux mes associés ; par cette œuvre méritoire, moi aussi puissé-je bientôt faire tourner la roue de la loi par excellence !