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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXIV

Ainsi donc, Religieux, le Tathâgata revêtu de l’Intelligence complète, se tint là sur un siége. Ici, par moi, l’Intelligence parfaite, accomplie et sans supérieure a été revêtue. Ici, par moi, il a été mis fin à la douleur sans commencement ni fin de la naissance, de la vieillesse et de la mort.

La seconde semaine, le Tathâgata fit une longue promenade comprenant les régions des trois mille grands milliers de mondes.

La troisième semaine, le Tathâgata regarda Bôdhimanda sans cligner l’œil. Ici, par moi, l’Intelligence parfaite, accomplie et sans supérieure a été revêtue, et il a été mis fin à la douleur sans commencement et sans fin, de la naissance, de la vieillesse et de la mort.

La quatrième semaine, le Tathâgata fit une courte promenade depuis la mer d’Orient jusqu’à la mer d’Occident.

Cependant le démon Pàpîyân s’étant approché de l’endroit où était le Tathâgata, adressa ce discours au Tathâgata : Que Bhagavat entre dans le Parinirvâna ! Que Sougata entre dans le Parinirvâna ! C’est le temps maintenant pour Bhagavat d’aller au Parinirvâna !

Cela dit, Religieux, le Tathâgata répondit ceci au démon Papijan : Non, Pàpîyàn, je n’entrerai pas dans le Parinirvâna, tant que mes Religieux ne seront pas des Sthaviras domptés, éclairés, disciplinés, exempts de crainte, expérimentés, possédant la loi et ce qui s’y rattache, capables de faire briller leur science d’instituteurs, et, après qu’ils auront, à l’aide de la loi, fait taire les contradicteurs qui se produisent et se reproduisent et les auront rendus croyants (capables aussi) d’enseigner une loi accompagnée de miracles. Non, Pàpîyàn, je n’entrerai pas dans le Parinirvâna tant que la renommée du Bouddha, de la Loi et de l’Assemblée (des fidèles) ne sera pas solidement établie dans le monde. Tant que d’innombrables Bodhisattvas n’auront pas été avertis par des prophéties qu’ils arriveraient à l’Intelligence sans supérieure parfaite et accomplie, Pàpîyân, je n’entrerai pas dans le Parinirvâna ; tant que mes Quatre assemblées ne seront pas domptées, disciplinées, éclairées, exemptes de crainte pour enseigner une loi accompagnée de miracles.

Ensuite le démon Pàpîyân, après avoir entendu ce discours, se retira d’un côté et resta immobile. Triste, abattu, la tête basse, traçant avec un bâton des figures sur la terre, il se dit : Il a surpassé mon empire !