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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXII

Et il vint à l’esprit du Bôdhisattva : Quelle est la chose, qui existant, fait que la connaissance existe ? et quelle cause a la connaissance ?

Et il lui vint à l’esprit : Les concepts (Samskâras) existant, la connaissance existe, car la connaissance a pour cause les concepts.

Et il vint à l’esprit du Bôdhisattva : Quelle est la chose qui, existant, fait que les concepts existent ? et quelle cause ont les concepts ?

Et il lui vint à l’esprit : L’ignorance (Avidyâ) existant, les concepts existent, car les concepts ont pour cause l’ignorance.

C’est ainsi, Religieux, qu’il vint à l’esprit du Bôdhisattva : Les concepts ont pour cause l’ignorance ; la connaissance a pour cause les concepts ; le nom et la forme ont pour cause la connaissance ; les six sièges ont pour cause le nom et la forme ; le toucher a pour cause les six sièges ; les six sièges ont pour cause le nom et la forme ; le toucher a pour cause les six sièges ; la sensation a pour cause le toucher ; le désira pour cause la sensation ; la prise (de possession) a pour cause le désir ; l’existence a pour cause la prise (de possession) ; la naissance a pour cause l’existence ; la vieillesse et la mort, le chagrin, les lamentations, la douleur, la peine, le désespoir ont pour cause la naissance.

Telle est l’origine de ce monde qui n’est qu’une grande masse de douleurs.

C’est ainsi, Religieux, que, pour le Bôdhisattva, après qu’il eût, en partant de l’origine, médité dans son esprit, à bien des reprises, sur des lois auparavant inconnues, la science fut produite, l’œil produit, le savoir étendu produit, l’intelligence produite, la sagesse produite et la lumière apparut.

Alors il vint à l’esprit du Bôdhisattva : Par l’absence de quelle chose la vieillesse et la mort n’existent-elles pas ? ou de l’empêchement de quelle chose résulte l’empêchement de la vieillesse et de la mort ?

Et il lui vint à l’esprit : La naissance n’étant pas, la vieillesse et la mort ne sont pas ; de l’empêchement de la naissance, il y a empêchement de la vieillesse et de la mort.

Alors il vint à l’esprit du Bôdhisattva : Par l’absence de quelle chose la naissance n’existe-t-elle pas ? ou de l’empêchement de quelle chose résulte l’empêchement de la naissance ?

Et il lui vint à l’esprit : L’existence n’étant pas la naissance n’est pas ; de l’empêchement de l’existence résulte l’empêchement de l’existence.