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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXII

trente, quarante, cinquante naissances, cent naissances, mille naissances, cent mille naissances, plusieurs centaines de mille naissances, un Kôti de naissances, cent Kôtis de naissances, mille Kôtis de naissances, cent mille Kôtis de naissances, cent mille Nayoutas de Kôtis de naissances, plusieurs centaines de Kôtis de naissances, plusieurs centaines de mille de Kôtis de naissances jusqu’à un Kalpa de destruction, un Kalpa de reproduction, un Kalpa de destruction et de reproduction, plusieurs Kalpas de destruction et de reproduction :

Venu en tel endroit, mon nom a été celui-ci, ma race celle-ci, ma caste celle-ci, telle a été la mesure de vie, telle la longueur du temps que j’y suis resté ; tels ont été le bonheur et le malheur que j’ai éprouvés. Ensuite étant parti delà, je suis né en tel endroit ; ensuite étant parti de là je suis né en tel (autre) endroit ; ensuite imrti de là, je suis né ici. C’est ainsi qu’il se rappela exactement les nombreuses espèces de demeures antérieures de lui-même et de tous les êtres, chacune avec son caractère et sa description.

Alors le Bôdhisattva, avec sa pensée ainsi recueillie, complètement pure, parfaite, lumineuse, exempte de souillure, débarrassée de toute corruption, souple, axée sur l’œuvre qu’il faut accomplir, et arrivé à l’immobilité, à la dernière veille de la nuit, quand paraît l’aurore, au moment où l’on bat le tambour, au moment où l’on est très endormi (le Bôdhisattva), pour obtenir la disparition de l’amas des douleurs, afin de produire la connaissance de la vue de la science qui opère la destruction de la corruption, prépara bien sa pensée et la dirigea bien.

Il lui vint à l’esprit : Misérable, certainement, est ce monde qui est produit, qui naît, vieillit, meurt, disparaît et est reproduit. Mais on ne sait pas quel est le moyen de sortir de ce (monde) qui n’est qu’un grand amas de douleurs. Vieillesse, maladie, mort et le reste, hélas ! ce qui peut mettre fin à ce (monde) qui n’est qu’un grand amas de douleurs, on ne le sait pas ! À tout ce qui vient de la vieillesse, de la maladie, de la mort et le reste ! Alors ceci vint à l’esprit du Bôdhisattva : Quelle est la chose qui, existant, fait qu’il y a vieillesse et mort ? Quelle cause ont la vieillesse et la mort ?

Il lui vint à l’esprit : La naissance (Djàti) existant, la vieillesse et la mort existent, car la vieillesse et la mort ont pour cause la naissance.