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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Un Yakcha dit :

174. Elle s’est levée puissante, l’armée du démon avec les cris hâ ! hâ ! et les bruits des conques, des tambours et des timbales. Ah ! mon fils ! cher enfant, n’cs-tu pas confondu à la vue de cette armée formidable de Namoutchi ?

175. Toi qui as la couleur de l’or des fleuves du Djambou et du calice du Tchampaka ; qui es dans la fleur de la jeunesse, loué par les dieux et les hommes et digne d’hommages, aujourd’hui tu courras à ta perte dans ce grand combat, tu tomberas au pouvoir du démon, comme Indra (au pouvoir) d’un Asoura.

176. Avec une voix (pareille à celle) de Brahmâ et au chant du Kalabingka, Sougata dit à ces troupes de Yakchas et de Rakchas . Il veut effrayer l’éther, l’ignorant qui voudrait m’éloigner de l’arbre par excellence,

177. Et celui qui, après avoir broyé les trois mille grands mondes, pourrait compter (les grains de) leur poussière ; celui qui pourrait faire passer l’eau de l’océan par (l’ouverture d’)un pore ; qui, en un moment, pourrait éparpiller la plus grande des montagnes, celui-là même, pendant que je suis assis auprès de cet arbre, ne pourrait me nuire !

178. Le démon, l’esprit irrité, tandis qu’il est ainsi subjugué, ayant pris dans sa main une épée tranchante, (dit :) Lève-toi promptement, Çramana, va au gré de mon désir, sinon, comme la tige verte d’un roseau, je te coupe aujourd’hui !

Le Bôdhisattva dit :

179. Quand même cette terre tout entière avec les trois mille mondes serait remplie de démons ; quand même il y aurait, dans la main de tous, une épée grande comme le Mêrou le plus grand des monts, ils ne seraient pis capables de remuer un seul de mes poils, à plus forte raison de me blesser. Qu’on uk’ fasse opposition, je me souviendrai, à cause de cela, que je suis ferme.

180. Ils lancent des sommets de montagne qui ont la couleur du feu qui flamboie ; ils lancent des arbres avec leurs racines, du cuivre et du fer, chameaux ou (démons) à tête de bœuf et d’éléphant aux yeux qui font peur ; serpents et reptiles redoutables aux regards empoisonnés.

181. Des nuages s’élèvent en grondant aux quatre coins de l’espace, faisant pleuvoir les carreaux de la foudre et des boules de fer. Lances, épées, javelots, haches acérées avec des flèches empoisonnées percent le sol de la terre et broyent les arbres.

182. Quelques-uns, avec des centaines de bras, lancent des centaines de flèches, et vomisscut des serpents et des flammes. Après avoir retiré de la mer des Makaras et d’autres habitants des eaux, quelques-uns changés en Garoudas, lancent des serpents.

183. Quelques-uns, furieux, lancent des globes de fer pareils au mont Mérou, ainsi que des sommets de la couleur du feu qui flamboie ; en couvrant le sol de la terre, ils la bouleversent et troublent complètement l’amas des eaux souterraines.

184. Quelques-uns tombent devant, d’autres derrière ; ils tombent à gauche et à droite (en disant :) « Ah ! mon fils ! » Ils ont les pieds et les mains à l’envers et la tête flambante ; de leurs yeux sort comme un éclair étincelant.