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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

113. Celui qui, pendant mille Kalpas, s’est plu dans la bonne conduite, accomplissant des vœux et des austérités, inébranlable, pareil au roi des monts, au corps semblable au soleil levant ; à la voix du nuage (orageux), à la parole agréable, à la voix de lion, celui-là, qui vient en aide aux créatures, a prononcé un discours plein de sens.

114. Les désirs, les querelles, les inimitiés, les emportements, produisant la crainte des combats, sont entretenus par les ignorants et toujours évités par les sages ; le temps est venu où l’Amrïta est obtenu par les Sougatas.

115. Aujourd’hui, il sera, après avoir vaincu le démon, un Arhat doué des dix forces. Les femmes, en montrant leur magie, ont dit : Ecoute, toi qui as un visage de lotus ; tu seras roi, le plus grand des seigneurs, maître puissant de la terre.

116. Quand la foule des plus belles femmes fait résonner mille instruments, que fais-tu de l’accoutrement d’un Mouni ? Laisse-le : jouis du plaisir !

Le Bôdhisattva dit :

117. Oui, Je serai roi, honoré dans les trois mondes, dans le ciel et sur la terre. Maître puissant, doué des dix forces, marchant avec la roue de la loi, salué partout et toujours par des millions de fils de ceux qui sont ou ne sont pas mes disciples, je me réjouirai avec la joie de la loi ; mon esprit n’est pas réjoui par les objets des sens.

Celles-ci dirent :

118. Pendant que ta jeunesse n’est pas écoulée et que tu es dans la première partie de la vie ; pendant que ni la maladie ni la vieillesse ne t’atteint : que tu possèdes beauté et jeunesse et que nous sommes tes amies, goûte les joies du désir avec un visage riant.

Le Bôdhisattva dit :

119. Puisque, aujourd’hui, a été obtenue la meilleure des quiétudes qui est impérissable ; puisque les douleurs de l’inquiétude ont été laissées dans la ville des dieux et des Asouras : puisque la vieillesse, la maladie, la mort, qui sont les ennemis, ne m’inquiètent pas, je produirai donc la route excellente qui conduit à la cité exemple de crainte.

Celles-ci dirent :

120. Dans la demeure des dieux, entouré d’Apsaras, comme le maître des Tridaças, dans la condition d’un Yâma, d’un Souyâma, d’un Santouchita, loué par les meilleurs des immortels, et dans la ville de Mâra, soumis au pouvoir des femmes, goûte les joies du désir en jouant avec nous et en donnant une grande somme de plaisir !

Le Bôdhisattva dit :

121. Les désirs sont inconstants comme la goutte de rosée sur la pointe de l’herbe, pareils aux nuages d’automne ; comme la colère d’une fille des Nâgas, ils produisent une