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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

toute pareille, tandis que l’âme produite par le Karma, c’est-à-dire par une abstraction, sera indépendante et dirigera le corps à son gré.

En soutenant, comme on l’a vu, que dans le Nirvâṇa l’âme survivait au corps, je parlais au point de vue de la transmigration comme elle est généralement comprise par les Bouddhistes du Nord et même aussi par le plus grand nombre des Bouddhistes du Sud.

Entreprendre ici une discussion pour déterminer quelle était la pensée de Çâkya Mouni sur ce que M. Rhys Davids propose d’appeler la transmigration d’un caractère, prendrait plus de temps et de place que nous n’en avons à notre disposition ; mais il était nécessaire d’appeler l’attention des lecteurs français sur cette manière d’envisager la transmigration, manière qui, sans nul doute, sera nouvelle pour la plupart d’entre eux.

En disant que les textes bouddhiques du Nord n’étaient pas une autorité sûre pour l’étude du Bouddhisme primitif, on en donnait pour preuve, entr’autres, que le Dhammapadam, l’un des livres regardés comme absolument nécessaires pour bien comprendre la pensée de Gôtama, ne se trouvait ni dans les livres sanskrits du Népal ni dans les livres tibétains du Kanjour. On ne fera plus ce reproche aux textes du Nord depuis que M. V. W. Rockhill a trouvé dans la collection tibétaine, un recueil des sentences, qui, bien que portant un autre nom, est la reproduction exacte du Dhammapadam[1].

Cette découverte qui, certainement, ne sera pas la seule, prouve qu’il est nécessaire d’examiner avec attention tous les livres du Kanjour pour les comparer à ceux du Ceylan, afin de bien reconnaître en

  1. Udanavarga : A collection of Verses from the Buddhist Canon. Being the northern buddhist version of Dhammapadu. Translated from the Tibetan, by Woodville Rockhill. in-8o, London, Trubner (1883), V. aussi : Texts from the Buddhist Canon commonly known as Dhammapada, translated from the Chinese, by Samuel Beal. in-8o, London, Trubner, 1878.