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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

94. Elles ont le visage pareil à la pleine lune, les lèvres pareilles au fruit mûr du Bimba ; elles ont de belles dents, blanches comme les coquilles, le jasmin et la neige. Regarde-les ; elles sont aimables et ne rêvent que le plaisir.

95. Regarde, Seigneur, leurs seins fermes, élevés et arrondis ; ces trois plis charmants à leur taille, leurs hanches larges aux gracieux contours ; elles sont vraiment très aimables !

96. Leur cuisse est pareille à la trompe de l’éléphant : leur bras est, sans interstices, couvert de bracelets, leur taille est ornée d’une belle ceinture ; regarde-les, Seigneur, elles sont tes esclaves.

97. Elles ont l’allure du cygne et marchent très lentement ; elles parlent avec grâce le langage de l’amour qui va au cœur ; avec une beauté pareille et très bien parées, elles sont très savantes dans les voluptés divines.

98. Très habiles à chanter, à jouer des instruments et à danser, elles son ; nées en vue du plaisir, elles qui sont bien douées de beauté. Si tu les dédaignes, elles qui sont agitées par l’amour, tu t’abuses grandement, en vérité, dans ce monde !

99. Comme après avoir vu un trésor, un homme qui s’enfuirait, méconnaissant le bonheur de la richesse, l’insensé ! toi aussi, ne connaissant pas le désir, tu ne joues pas avec ces jeunes filles amoureuses venues d’elles-mêmes !

Alors, religieux, le Bôdhisattva, sans cligner l’œil, le visage souriant, sans avoir les sens agités, les membres impressionnés et détournés (de la pureté), sans passion, sans souillure, sans folie, inébranlable comme le roi des monts, sans abattement, sans faiblesse, sans inquiétude, avec une intelligence parfaite, ferme et indépendante, par la porte de la science, par l’abandon sans limite des corruptions naturelles, avec une voix douce, agréable, surpassant les accents de Brahmâ, pareille au chant du Kalalûngka, belle, allant ou cœur, répondit à ces filles du démon par ces Gâthâs :

100. Ah les désirs rassemblent bien des douleurs et sont des racines de douleur qui détruisent la contemplation, la puissance surnaturelle et les austérités de ceux qui n’ont pas la science. Par les qualités du désir qu’on a des femmes point de rassasiement, ont dit les sages. Moi, je produirai par la science le rassasiement des ignorants.

101. Pour qui nourrit les désirs, la soif augmente sans cesse, comme pour un homme qui a lui de l’eau salée. Celui qui s’y engage n’est utile ni à lui-même ni aux autres. (Mais) moi je suis très désireux d’être utile à moi-même et aux autres.

102. Votre corps est égal et pareil à l’écume, à la bulle d’eau ; comme coloré par la magie ; paraissant et disparaissant à volonté. Comme le plaisir, dans un songe, n’est ni permanent ni durable, il y a toujours de l’égarement dans la pensée des ignorants qui ne sont pas sages.

103. Les jeux sont égaux et pareils à des bulles d’eau retenues par de la peau,