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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

Cependant le démon Pâpîyân était triste, soucieux, abattu, avec l’air de l’orgueil humilié ; mais, dominé par l’orgueil, il ne s’en alla pas, ne se retourna pas, ne s’enfuit pas. S’arrêtant, en regardant en arrière l’armée qui suivait, il fit ce discours : Vous tous rassemblés, arrêtez-vous quelque temps, jusqu’à ce que nous sachions si toutefois celui-ci peut être ébranlé. Il ne faut pas, en vérité, que la destruction d’une pareille perle des êtres ait lieu inconsidérément !

Alors le démon Pàpîyân dit à ses filles : Vous, jeunes filles, allez, et vous étant rendues à Bôdhimanda, faites sur le Bôdhisattva l’enquête que voici : Est-il susceptible de passion ou exempt de passion ? Est-il fou ou sage ? Est-il aveugle ou bien connait-il les points de l’espace ? A-t-il des partisans ? Est-il faible ou fort ?

Après avoir entendu ces paroles, les Apsaras s’approchèrent de l’endroit où était Bôdhimanda, et s’étant arrêtées en face du Bôdhisattva, lui firent voir la magie des femmes, qui est de trente-deux espèces. Quelles trente-deux espèces ? Ainsi : Quelques-unes d’entre elles se voilaient la moitié du visage ; quelques-unes montraient leurs seins fermes et arrondis ; quelques-unes, par des demi-sourires, montraient la rangée de leurs dents ; quelques-unes, étendant leurs bras en bâillant, montraient leur aisselle ; quelques-unes montraient leurs lèvres, rouges comme le fruit du Bimba ; quelques-unes examinaient le Bôdhisattva avec leurs yeux à demi fermés, et après l’avoir regardé, vite, vite, les refermaient ; quelques-unes montraient leurs seins à demi couverts ; quelques-unes montraient le contour de leur taille dont la ceinture laissait le vêtement relâché ; quelques-unes, dont la ceinture était à sa place, montraient le contour de leur taille revêtu d’un vêtement transparent ; quelques-unes faisaient résonner les anneaux de leurs jambes ; quelques-unes montraient un bouquet au milieu de leurs seins ; quelques-unes montraient la moitié de leurs cuisses nues ; quelques-unes montraient, posés sur leur épaule et sur leur tête, des Patragouptas, des perroquets et des geais ; quelques-unes jetaient sur le Bôdhisattva des regards de côté ; quelques-unes, quoique ayant de bons vêtements, en faisaient de mauvais vêtements ; quelques-unes agitaient les ceintures de leur taille ; quelques-unes, comme affolées, allaient de côté et d’autre en jouant ; quelques-unes étaient honteuses ; quelques-unes remuaient la cuisse comme un arbre Kadali agité par le vent ;