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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

Du côté droit, Soutchintitârtha dit :

63. Il n’est pas insensé ou sans courage, c’est vous qui êtes insensés et sans aucune modération. Vous ne savez pas quel est son héroïsme. Par la force de sa sagesse, vous êtes tous vaincus !

64. Des fils du démon le nombre fût-il égal aux sables de la Gangâ, avec un héroïsme pareil (au sien), vous êtes incapables de remuer un seul de ses poils, à plus forte raison pour celui qui penserait : Je le tuerai !

65. N’ayez donc pas ici la pensée de lui nuire. Ayez l’esprit calme et rempli de respect ; retirez-vous sans combattre ; il sera roi ici dans la réunion des trois mondes. Comme il est dit précédemment tous les iils du démon, formant un millier bien complet, ceux du côté blanc et ceux du côté noir adressèrent ainsi, chacun à son tour, des Gâthâs au démon Pâpîyan.

Ensuite un chef de l’armée de Pâpîyan, nommé Bhadrasèna, parla au démon Pâpîyan en lui adressant ces Gâthâs :

66. Tous ceux qui ont marché à ta suite, Çakra, les gardiens du monde, les troupes de Kinnaras, les maîtres des Asouras, les maîtres des Garoudas, tous, les mains jointes s’inclinent devant celui-ci.

67. À plus forte raison, ceux qui n’ont pas marché à ta suite, les fils des dieux Brahmâbhasvaras et les Çouddhâvâsakâyikas, tous aussi s’inclinent devant lui.

68. Et ici, ceux de tes fils qui sont sages, intelligents et forts, s’unissent de cœur au Bôdhisattva et s’inclinent.

69. Et cette armée de démons, de Yakchas, etc., qui remplit quatre-vingts Yôdjanas, il la voit tout entière avec un esprit parfaitement tranquille, car il est sans péché.

70. Et après vu combien cette armée est redoutable, terrible, monstrueuse, épouvantable, il n’est ni étonné ni ébranlé. C’est à lui certainement que sera la victoire aujourd’hui !

71. Partout où s’arrête cette armée les hiboux et les chacals font entendre leurs cris ; quand la corneille et l’âne font entendre leur voix, il convient de se retirer promptement.

72. Regarde Bôdhimanṇḍa : Les Patakountas, les cygnes, les Kôkilas et les paons tournent trois fois autour de lui en présentant le côté droit. Certainement c’est pour lui qu’est la victoire aujourd’hui.

73. Là où s’arrête cette armée, pleuvent l’encre et la poussière ; à Mahimanda (au contraire), c’est une pluie de fleurs. Fais ce que je dis, retire-toi !

74. Là où s’arrête cette armée, le sol est inégal, raboteux et rempli d’épines ; Mahimanda est de l’or, sans tache. Pour les sages ce qui convient c’est de se retirer.

75. Ce que tu as vu en songe précédemment, tu l’auras devant les yeux, si tu ne t’en vas pas. Il réduira l’armée en cendre, comme des contrées sont réduites en cendre par des Rĭchis.