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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

bras ou boire ses eaux ; et cela fût-il possible, je le déclare, il y aurait une difficulté aussi grande pour celui qui voudrait regarder en face le visage de celui-ci !

À gauche, celui qui a nom Çatabâhou dit :

30. J’ai à mon corps cent bras, et, d’une seule fois, je lance cent flèches. Je fendrai le corps du Çramaṇa, ô mon père. Sois tranquille, marche sans retard ! À droite, Soubouddhi dit :

31. Si tu as cent bras, quelle différence y a-t-il entre ces bras et des poils, quand par chacun de ces bras étant lancées autant de flèches, rien n’y fait contre lui ? Pourquoi cela ?

32. C’est que, dans le corps du Mouni doué de mansuétude, ni poison, ni flèche, ni feu ne pénètre ; les traits lancés se changent en fleurs pour celui qui a compris l’idée d’une mansuétude dépassant le monde.

Et de plus :

33. Dans le ciel, sur la terre et dans l’eau, ceux qui, pleins de force, portant l’épée et la hache, Gouhyakas ou hommes, s’étant approchés de ce maître des hommes qui a la force de la patience, eux forts entre les forts, sont tous sans force.

À gauche, Ougratêdjas dit :

34. Entré en lui, je brûlerai son beau corps après y avoir pénétré, comme le feu de la forêt brûle un arbre desséché avec le tronc et les parties les plus menues.

À droite, Sonnêtra dit :

35. Quand même tu pourrais brûler le Mérou et la terre en y pénétrant, celui-ci ne pourrait être brûlé, lui à l’intelligence de diamant, par tes pareils égaux (en nombre) aux sables de la Gangâ.

Et, de plus :

36 Toutes les montagnes s’écrouleraient, le grand océan serait anéanti, le soleil et la lune tomberaient sur la terre, et la terre arriverait à la dissolution,

37. Que celui qui s’est mis à l’œuvre à cause du monde et s’est engagé par une promesse, ne se lèverait pas d’auprès du grand arbre, sans avoir obtenu l’Intelligence suprême !