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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXI

uns, faisant tournoyer des chaînes, faisant écrouler de grandes montagnes, agitant les grandes mers, escaladant de grandes montagnes, sautant, courant vers le Mêrou, le roi des monts, jetant leurs membres de côté et d’autre, agitant leur corps, poussant un grand éclat de rire, se perçant la poitrine, se frappant la poitrine, secouant leurs chevelures, ayant des têtes enflammées, des cheveux hérissés, courant à la hâte de tous côtés, ayant des yeux de loup, effrayaient le Bôdhisattva.

De vieilles femmes éplorées s’étant approchées du Bôdhisattva lui parlaient ainsi : Ah ! mon fils, ah ! mon fils, lève-toi ! vite sauve-toi ! Des formes de Râkchasîs, des formes de Piçatchîs, des Prêtas borgnes, boiteux, affaiblis, tourmentés par la faim, les bras levés, le visage déformé, criant et montrant de la frayeur, produisant l’épouvante, accouraient devant le Bôdhisattva. C’est par une telle armée de démons rassemblée de tous côtés, s’étendant à la distance des quatre-vingts Yôdjanas, que tout était rempli. Et comme c’était l’armée de Mâra seulement, de côté et en l’air tout était complètement rempli par les armées des démons Pâpiyâns qui occupaient en entier les trois mille mondes, par centaines de millions.

Et là il est dit :


16. Des formes de Yakchas, de Koumbhândas, de Mahôragas, des formes de Prêtas et de Piçâtchas ; tout ce qu’il y a dans le monde de formes désagréables et des plus effroyables, toutes sont là, produites par des êtres artificieux.

17. De nombreux Yakchas à une tête, à deux têtes, à trois têtes et jusqu’à mille têtes ; à un bras, à deux bras, à trois bras et jusqu’à mille bras.

18. Et beaucoup d’autres à un pied, à deux pieds, à trois pieds et jusqu’à mille pieds : au visage bleuâtre au corps jaune ; au visage jaune et au corps bleuâtre.

19. Ayant des visages d’une espèce et des corps d’une autre. Ainsi s’est approchée toute l’armée de démons. Elle fait souffler le vent et tomber la pluie ; des éclairs se succèdent par centaines de mille.

20. Un dieu fait gronder l’orage, les arbres sont renversés, mais pas une feuille de l’arbre de l’Intelligence ne remue. Le dieu de la pluie verse la pluie, les ruisseaux se répandent sur la terre couverte d’eau.

21. Au milieu de ces épouvantements nombreux vient la nuit pendant laquelle les arbres insensibles tombent. À la vue de toutes ces formes effrayantes à l’excès, ces formes difformes, choquantes,

22. L’esprit de celui qui porte les signes des qualités et de la bénédiction n’est pas agité, pareil au Mêrou. Pareils à la magie, pareils à des songes, pareils à des nuées, c’est ainsi qu’il regarde les substances.