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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XIX

au toucher comme (l’étoffe de) Kâtchilindi, à l’odeur douce, colorés et réjouissant l’esprit. À cette vue, le Bôdhisattva, quittant la route et s’étant approché de l’endroit où était Svastika l’herbager, lui adressa ce discours avec une voix douce ; ce discours qui fait tout connaître, qui fait parfaitement connaître ; parfaitement clair, non interrompu, qui produit l’affection, beau, digne d’être entendu, onctueux, digne d’être retenu, qui exhorte, réjouit, amical, sans mollesse, sans hésitation, sans dureté, sans précipitation, doux, harmonieux, agréable à l’oreille, ravissant le corps et l’esprit, éloignant la passion, la haine, le trouble, les querelles, les péchés ; pareil au chant du Kalabingka et à la voix sonore du Kounida et du Djîvàndjîvaka, pareil au son du tambour et aux accords de la musique, non altéré, véridique, clair, juste, pareil aux accents harmonieux de Brahmâ, pareil au bruit de l’Océan agité, au bruit des montagnes qui se choquent, loué par le maître des dieux et le maître des Asouras, profond, difficile à pénétrer, rendant sans force la force du démon, réduisant au silence les contradicteurs, pareil à la voix formidable du lion, pareil aux éclats de voix du cheval et de l’éléphant, résonnant comme la voix d’un Nâga, pareil au bruit retentissant des nuages orageux, remplissant tous les champs de Bouddha des dix points de l’espace, exhortant les êtres qu’il faut discipliner ; non précipité, non altéré, sans lenteur, bien lié, convenable, approprié au temps, n’allant pas à contretemps, bien forme de cent mille lois, excellent, sans passion, ayant une énergie persistante, avec une seule voix émettant toutes les voix, faisant connaître tous les desseins, produisant tout bien-être, enseignant bien la route de la délivrance, indiquant la multiplicité des routes, n’allant pas au delà de l’assemblée, satisfaisant (réjouissant toute assemblée) conforme à celui qui a été prononcé par tous les Bouddhas. C’est avec un pareil discours que le Bôdhisattva adressa ces Gâthâs à Svastika l’herbager.


47. Svastika, écoute ! donne-moi promptement des herbes ; j’ai grand besoin d’herbes aujourd’hui. Après avoir vaincu le grand démon avec son armée, j’atteindrai le calme suprême de l’Intelligence, à cause duquel, par moi, pendant des milliers de Kalpas, le don, le pouvoir sur soi-même, la retenue, le renoncement, la bonne conduite, la fidélité aux vœux, les austérités ont été bien pratiqués ; son acquisition complète aura lieu aujourd’hui.

48. La force de la patience ainsi que la force de l’héroïsme, la force de la contem-