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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVIII

24. Puisque j’ai pris une nourriture abondante et excellente et rendu la force à mon corps, il faut que j’aille au pied du figuier, le roi des arbres, me revêtir de l’omniscience d’un Bouddha. Et ces dieux et ces hommes, ayant des mérites bien minces et cherchant la sagesse d’une façon mauvaise, sont incapables, faibles qu’ils sont, d’obtenir l’Amrita avec leur corps et leur intelligence.

25. Et la fille du chef de village, nommée Soudjàtà qui. autrefois, s’est bien conduite, qui toujours sacrifie, en se disant, dans sa pensée : Qu’elle réussisse, l’austérité du guide (des créatures) ! Cette (jeune fille) ayant écouté l’exhortation des dieux et ayant alors pris la soupe de lait au miel, après être allée au bord de la rivière Nâiranjañâ, avec l’esprit joyeux, elle s’y arrêta.

26. Et celui qui, pendant des milliers de Kalpas, a toujours eu une belle conduite, les sens calmes, parfaitement calmes, entouré des dieux, de troupes de Nàgas et de Richis, étant allé à la Nâirânjanâ, et Tayant traversée, le jeune prince qui a la pensée de la délivrance) des êtres eut alors la pensée de se baigner ; et étant descendu dans la rivière, le Mouni, pur et sans taches qui est rempli de compassion pour le monde, s’y baigna.

27. Les dieux par centaines de mille, d’un cœur joyeux, étant descendus dans la rivière, remplissent l’eau de parfum et de poudre pour le bain du plus élevé des êtres. Et le Bôdhissattva ayant pris le bain se tenait sur la rive, pur et satisfait. Des milliers de dieux emportèrent l’eau du bain pour rendre hommage au plus élevé des êtres.

28. Un fils des dieux lui donna des vêtements rougeâtres purs et bons ; ayant revêtu ces vêtements convenables, Bhagavat resta sur le Lord do la rivière. Une fille des Nàgas, le cœur rempli de joie, lui apprêta un trône sur lequel s’assit l’être à l’esprit apaisé, lui qui produit l’œil du monde.

29. L’intelligente Soudjâtâ ayant donné la nourriture dans un plat d’or, après avoir lavé les pieds (du Bôdhisattva), toute joyeuse (lui dit :) mange cette nourriture à moi, ô cocher (des créatures).

Après avoir mangé autant de nourriture qu’il lui en fallait, le Sage jeta le plat dans l’eau. Pourandara (Indra), le maître des dieux, le prit en disant : Je lui rendrai hommage.

30. Et quand eut été mangée par le Djina la nourriture abondante, la meilleure entre toutes, à l’instant même, la force de son corps avec la splendeur et la majesté se rétablit comme auparavant. Ayant fait un discours sur la loi pour Soudjàtà et pour les dieux ; ayant fait aussi beaucoup de choses utiles, celui qui a la démarche du lion et du cygne et l’allure du roi des éléphants s’achemina vers l’arbre de l’Intelligence.


Chapitre nommé : La Nâirañjanâ, le dix-huitième.