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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

de l’eau avec laquelle le Bôdhisattva s’était lavé, l’emportèrent, chacun dans sa demeure, pour lui bâtir un Tchâitya et pour lui rendre hommage. Quant aux cheveux et aux moustaches du Bôdhisattva, pensant qu’ils étaient tous des objets de bénédiction Soudjâtâ, la fiUe du chef, les emporta pour leur bâtir un Tchâitya et pour leur rendre hommage.

Le Bôdhisattva, étant sorti de l’eau, regardait le rivage, désireux de s’asseoir. Alors la fille des Nâgas qui était là dans la rivière Nâirañjanâ. sortant de sous-terre, offrit au Bôdhisattva un trône réjouissant le cœur. Le Bôdhisattva, s’y étant assis, mangea de la soupe de lait au miel autant qu’il lui en fallait, se rappelant avec affection Soudjâtâ, la fille du chef de village. Quand il eut mangé, sans se soucier du vase d’or, il le jeta dans l’eau. Il ne l’eut pas plutôt jeté que Sâgara, roi des Nâgas, sentant naître en lui la foi et le respect, le prit et se dirigea vers sa demeure en disant : ce vase est digne d’hommages !

Cependant Indra qui détruit les villes, ayant pris la figure d’un Garouda, la foudre au bec, cherchait à prendre le vase d’or au roi des Nâgas ; mais comme il ne pouvait y parvenir, il le demanda avec courtoisie sous sa propre figure et l’emporta dans le séjour des Trâyastrim̃çats pour lui bâtir un Tchâitya et lui rendre hommage. Et l’y ayant déposé, il établit la fête du vase aux aumônes, du changement de la lune. Et, aujourd’hui encore, chez les dieux Trâyastriçats a lieu chaque année la fête du vase. Quant au trône, il fut emporté par la même fille des Nâgas, pour lui bâtir un Tchâitya et pour lui rendre hommage.

Aussitôt que le Bôdhisattva eût pris une nourriture abondante, à l’instant même, par la force de ses mérites et la force de sa sagesse, reparut avec profusion la belle couleur que son corps avait autrefois, avec les trente-deux signes du grand homme, les quatre-vingts signes secondaires et l’éclat entre ses bras étendus.

Et là il est dit :


23. Après avoir traversé six années d’austérités et de mortifications, Bhagavat eut cette pensée : Si, moi qui ai la force de la méditation, de la science et de la sagesse quoique ayant le corps amaigri, j’allais au pied du Vidapi (figuier), le roi des arbres, pour devenir un Bouddha possédant l’omniscience, il n’y aurait pas, de ma part, compassion pour les créatures de ce temps ci.