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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

nourriture abondante, telle que de la soupe aux pois avec de la mélasse et de la bouillie de riz.

Cependant, Religieux, les cinq (personnages) de bonne caste avaient ceci dans la pensée : Par cette conduite et par ce qu’il a acquis, il ne sera pas possible que le Çramana Gâutama en vienne à montrer clairement d’aucune manière la distinction de la vue de la science vénérable bien au-dessus de la loi humaine. Bien, au contraire, aujourd’hui qu’il prend une nourriture abondante, comment pourrait-il rester appliqué aux œuvres méritoires ? C’est un ignorant et un insensé. Et, à cette pensée, s’éloignant de la présence du Bôdhisattva et s’étant rendus à Bénarès, ils demeurèrent à Rîchipatana dans le bois de Mrigadàva.

Dès le premier moment que le Bôdhisattva avait commencé à pratiquer les austérités, dix jeunes filles du chef de village étaient venues pour le voir, le saluer et le servir. Les cinq (personnages) de bonne caste l’entouraient de soins, et lui donnaient le grain de Kola, le grain de riz, ou le grain de sésame. Ces dix jeunes filles du chef de village se nommaient Balà, Balagoupâ, Souprivâ, Vidjayasênâ, Atimouktakamalâ, Soundarî, Koumbhakârî, Oulouvillikâ, Djâtilikâet Soudjâtâ.

Ces jeunes filles du chef de village ayant préparé pour le Bôdhisattva plusieurs espèces de mets, les lui offrirent tous. Le Bôdhisattva les mangea ; et comme, dans la suite, il alla régulièrement pour les aumônes dans le village du district, il reprit ses couleurs et sa force ; et, depuis, le Bôdhisattva fut appelé le beau Çramana, le grand Çramana.

Cependant, Religieux, depuis le premier moment où le Bôdhisattva avait commencé à pratiquer des austérités, jusqu’à celui où il avait terminé ses pratiques religieuses et ses macérations, dans le but do reprendre son embonpoint, Soudjâtâ, la jeune fille du chef de village, distribuait chaque jour des aliments à huit cents Brahmanes, en disant : Paisse le Bôdhisattva, après avoir reçu de moi des aliments, se revêtir de la qualité parfaite et accomplie de l’Intelligence, et devenir Bouddha ! Telle fut la prière qu’elle prononça.

Religieux, de moi qui avais (ainsi) passé six années, les vêtements rougeâtres étaient extrêmement usés. Et, Religieux, ceci me vint à la pensée : Si je trouvais de quoi cacher ce qu’il faut cacher, ce serait bien !