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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

10. Je ne pense pas à l’immortalité, car la vie a certainement la mort pour terme. (Mais) je ne reviendrai plus (dans ce monde) moi qui suis, avant tout, occupé de l’état de Brahmatchari.

11. Le vent pourrait dessécher même les eaux courantes des rivières ; à plus forte raison pourrait-il dessécher le corps et le sang de ceux qui se sont abandonnés eux-mêmes.

12. Et le sang étant desséché, la chair ensuite se desséchera certainement ; les chairs étant diminuées, l’esprit s’apaise d’autant plus.

13. De plus aussi, l’intention, l’héroïsme et la contemplation persistant pour moi qui demeure ainsi et qui ai atteint la plus élevée des sensations, L’esprit ne prend pas garde au corps ; vois quelle est la pureté de ma force !

14. J’ai l’intention ainsi que l’héroïsme ; j’ai aussi la sagesse. Je ne le vois pas dans le monde celui qui pourrait par la force me faire sortir de l’héroïsme !

15. Mieux vaut la mort qui ravit le souffle vital que la vie méprisée dans la ville. Mieux vaut la mort dans le combat que la vie d’un vaincu.

16. Qui n’est pas un héros ne vainc pas une armée, mais il ne s’enorgueillit pas de la victoire, le héros qui a vaincu une armée. Bientôt, Mâra, je te vaincrai !

17. Les désirs sont ta première armée ; la seconde, c’est le mécontentement ; la troisième, c’est la faim et la soif ; la convoitise est ta quatrième armée.

18. La cinquième, c’est la fainéantise et l’indolence ; la crainte est déclarée la sixième ; la septième, c’est le doute ; la colère et l’hypocrisie font la huitième.

19. L’ambition et les louanges, le respect, la renommée faussement acquise, celui qui se glorifie lui-même et rabaisse les autres,

20. Voilà l’armée du démon allié de ceux qui sont noirs et qui brûle ; on voit là submergés des Çramanas et des Brahmanes.

21. C’est là ton armée qui subjugue ce monde et celui des dieux. Je la briserai avec la sagesse comme un vase d’argile qui n’est pas cuit est brisé par l’eau.

22. Après avoir rendu la mémoire bien présente et la sagesse bien établie, j’agirai avec connaissance. Que feras-tu, malin esprit ?

Quand cela eût été dit, le démon Pâpiyàn, chagrin, confus, l’esprit humilié, plein de ressentiment, disparut en ce lieu même.


Alors, Religieux, ceci vint à la pensée du Bôdhisattva ; Quels qu’ils soient, les Çramanas ou Brahmanes qui, au temps passé, à venir ou présent, se font éprouver une sensation qui atteint l’âme, qui tourmente le corps, est douloureuse, aiguë, brûlante, cuisante, intolérable, sont soumis à une douleur extrême.

Et alors, Religieux, je pensai : Par cette conduite qui a été lumineuse, par ce qui a été acquis par moi, nulle distinction d’une vue de la vénérable science au-dessus de la loi humaine n’a été suffisamment manifestée. Ce n’est