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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Ainsi donc, Religieux, le Bôdhisattva, afin de faire voir au monde des actions merveilleuses, comme précédemment (p. 217), afin de faire passer (d’un corps à un autre ?) l’accomplissement des œuvres, et afin de produire l’accumulation des mérites, afin de montrer les qualités de la grande science, afin de bien séparer les degrés de la contemplation, fit voir, pendant six ans, la pratique de choses difficiles à accomplir. Sans avoir l’esprit abattu, le Bôdhisattva, pendant six ans, resta les jambes croisées, de la même manière, et ne s’écarta pas de la voie honorable. D’un lieu brûlé par le soleil, il n’alla pas à l’ombre, et de l’ombre n’alla pas au soleil. Il ne se fit pas d’abri contre le vent, le soleil ni la pluie. Il ne chassa ni les taons, ni les moustiques, ni les serpents. Il ne rendit ni excrément, ni urine, ni crachat, ni morve ; ne se ramassa ni se s’allongea ; ne se tint pas couché sur le côté, ni étendu sur le ventre ou sur le dos. Les grands nuages, les grandes ondées, la pluie, la grêle, en automne, au printemps, en hiver, tombaient sur le corps de Bôdhisattva qui, à la fin, ne s’abritait pas même avec la main. Il ne combattait pas les sens ; il n’accueillait pas les objets des sens. Et ceux qui venaient là, jeunes gens du village ou jeunes filles du village, ou pasteurs de vaches ou pasteurs de bestiaux, ou ramasseurs d’herbes, ou ramasseurs de bois, ou ramasseurs de fiente de vache, pensaient : C’est un Piçâtcha de la poussière ; et ils se raillaient de lui et le couvraient de poussière.

En ce temps-là, le corps du Bôdhisattva, par ces six années, était devenu tellement chétif, faible et maigre, qu’après avoir mis de l’herbe et du coton dans les ouvertures de ses oreilles, ils sortaient par les ouvertures du nez. Qu’après les avoir mis dans les ouvertures du nez, ils sortaient par les ouvertures des oreilles. Qu’après les avoir mis dans les ouvertures des oreilles^ ils sortaient par l’ouverture de la bouche. Qu’après les avoir mis dans l’ouverture de la bouche, ils sortaient par les ouvertures des oreilles et du nez. Qu’après les avoir mis dans le nez. ils sortaient par l’ouverture de l’oreille, du nez et de la bouche.

Et les dieux, les Nàgas, les Yakchas, les Gandharbas, les Asouras, les Garoudas, les Kinnaras, les Mahôragas, qui étaient témoins des qualités du Bôdhisattva, demeurant jour et nuit auprès de lui, rendaient hommage au Bôdhisattva et lui faisaient des prières.

Là, par le Bôdhisattva, montrant la pratique des austérités, douze