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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVII

Et alors, Religieux, le Bôdhisattva, après avoir ainsi réfléchi, se mit à pratiquer, pendant six années, des austérités terribles, des plus difficiles à pratiquer, des plus difficiles entre les plus difficiles.

Pourquoi a-t-il été appelé Douskaratcliaija (qui fait des choses difficiles) ? C’est qu’il a fait des choses difficiles qui l’ont fait nommer ainsi. Il n’y a pas d’être, quel qu’il soit, dans la multitude des êtres, homme ou non, qui soit capable de pratiquer des austérités aussi difficiles, excepté un Bôdhisattva qui en est à sa dernière existence et qui est entré dans la contemplation Asphânaka.

Pourquoi (cette contemplation) est-elle appelée Asphânaka ? (C’est que) la première fois qu’il (le Bôdhisattva) entra dans le calme de la quatrième méditation profonde, il intercepta, intercepta complètement le souffle d’aspiration et d’expiration. Cette méditation ne peut être jugée, ne peut nullement être jugée, est inébranlable, imperturbable, immuable, pénètre partout, est indépendante de tout. Et cette méditation n’a jamais été atteinte précédemment par qui que ce soit, disciple ou non disciple ou Pratyèkabouddlia ou par un Bôdhisattva non doué de conduite ; et de là vient le nom d’Asphânaka.

Et comme on dit que cette contemplation agite tout entier l’Akâça inébranlable, et indivisible, elle est dite pareille à l’Akâça, et, par suite, Asphânaka.

Cependant, Religieux, le Bôdhisattva, afin de faire voir une merveille au monde, afin d’abaisser l’orgueil des Tirthikas, afin de confondre les contradicteurs, à cause du désir des dieux, afin de montrer la transmission de l’accomplissement des actes des êtres desquels l’accomplissement des actes a disparu et qui disent que l’interruption (en) est éternelle, afin de produire le fruit des bonnes œuvres, afin de faire voir les fruits de la science, pour la division des parties de la méditation, pour bien montrer la force de l’énergie du corps, afin de produire complètement l’héroïsme de la pensée (le Bôdhisattva) s’assit les jambes croisées sur la terre non nettoyée ; et, après s’être assis, il dompta son corps par son esprit et le tourmenta.

Alors, Religieux, après avoir ainsi, pendant huit nuits d’hiver, dompté et tourmente mon coi-ps, des sueurs coulaient de mes aisselles, coulaient de mon front et tombaient à terre ; se congelaient, se réchauffaient, et s’évaporaient en fumée. De même qu’un homme doué de vigueur, ayant