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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XV

137. mon époux), aux cuisses pareilles à la trompe de l’éléphant ! Aux mains et aux pieds très purs ! Aux beaux ongles rouges comme le cuivre !

138. Ô toi (qui valais) pour moi les concerts de voix et d’instruments ! Parfumé par les fleurs les plus choisies ! Toi des belles saisons la plus belle ! ô (toi i[ui avais) pour moi le parfum des fleurs et faisais la joie de l’appartement des femmes !

139. Ah ! Kanthaka coursier) de noble race, compagnon de mon époux, où l’as-lu conduit ? Ah ! Tch’andaka sans pitié, tu n’as pas appelé au moment où partait le meilleur des hommes !

140. Il s’en va d’ici celui qui vient en aide ! Pourquoi, en cette circonstance, n’as-tu pas dit une seule parole ? Il s’éloigne aujourd’hui de la ville excellente, le guide compatissant des hommes !

141. Comment est-il parti, celui qui vient en aide ? Par où est-il sorti d’ici, du palais royal ? Quelle que soit la contrée où il est allé, une déesse des bois et des bocages sera sa compagne fortunée !

142. À moi cruellement affligée, Tch’andaka, on avait montré un trésor ; ravisseur de mes yeux, rends-moi la vue ! Un père et une mère, Tch’andaka, doivent être toujours loués et honorés par tous (les enfants) ;

143. S’il est parti, en les abandonnant, à plus forte raison (abandonne t-il) le plaisir d’être avec une femme ! Ah ! maudite soit la séparation d’avec ceux qu’on aime ; c’est comme le spectacle de la danse dont le caractère est l’instabilité !

144. Pris par leurs pensées, les ignorants, par l’effet de leurs vues mauvaises, sont soumis à la naissance et à la transmigration. Autrefois ceci a été dit par lui : Pour qui est un composé soumis à la vieillesse et à la mort, il n’y a pas d’amis !

145. Qu’elle se remplisse, son espérance ! qu’il touche la meilleure des Intelligences ! Puis, devenu Bouddha auprès du meilleur des arbres, possédant l’Intelligence sans passion, qu’il revienne ici dans la meilleure des villes !

146. Tch’andaka, le cœur profondément affligé, ayant entendu ces paroles de Gôpâ, répond avec des larmes dans la voix :

147. Gôpâ, écoutez-bien mes paroles : À l’heure de minuit, en secret, toute la troupe des femmes étant profondément endormie, celui qui s’est élevé par des centaines de mérites m’a dit alors :

148. Donne-moi Kantaka ! Après avoir entendu ces mots je vous regardai endormie sur votre couche et je criai bien haut :

149. « Levez-vous, Gôpâ ! voici votre bien- aimé qui s’en va ! » Un dieu étouffa ce cri et pas une femme ne s’éveilla. J’amenai, en pleurant,

150. Le roi des chevaux paré de tous ses ornements, Kantaka s’avance avec une splendeur terrible ; le bruit (de ses pas) retentit jusqu’à un Krôça, et cependant, personne n’entend dans la ville excellente

151. Plongée dans le sommeil par les divinités. Couverte d’or, d’argent et de pierres précieuses, la terre, fortement frappée par les pieds de Kantaka rend un son doux, effrayant et solennel,

152. Mais aucun homme n’entend. En ce moment on était dans l’astérisme Pouchya ;