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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

jeunes et vieux donnaient profondément, le Bodhisattva à la voix douce m’a dit : Tch’andaka, donne-moi promptement le roi des chevaux.

124. Et moi, je cherche à éveiller les troupes d’hommes et la foule des femmes. Mais dormant d’un sommeil profond, ils n’entendent pas ma voix. Je donne en pleurant le roi des chevaux (en disant) : Allez donc où il vous plaira !

125. Les portes, munies de machines, sont ouvertes par Çakra ; les quatre gardiens du monde soutiennent chacun un pied du cheval. Le héros étant monté, la voûte qui compose les trois mille (mondes) fut ébranlée. Dans le ciel immense, il s’avançait.

126. Une grande lumière jaillissait, détruisant l’obscurité et les ténèbres. Des fleurs tombaient, des centaines d’instruments mélodieux résonnaient ; les dieux le louaient ainsi que les Apsaras. Il s’avançait à travers le ciel, entouré par les troupes des dieux.

127. (Cependant) Tch’andaka ayant pris le meilleur des chevaux et les ornements, était arrivé, en pleurant, à l’appartement des femmes. Gôpâ, en voyant Tch’andaka et le meilleur des chevaux, s’évanouit et tomba étendue à terre.

128. La troupe tout entière des femmes s’empresse, et, prenant de l’eau, en baigne la fille des Çâkyas en disant : en vérité, elle va mourir ; accablée par le chagrin, si la séparation de deux êtres qui s’aiment a lieu.

129. Ayant fait un effort, la fille désolée des Çâkyas, se suspend au cou du roi des chevaux, et se rappelant les jeux amoureux d’autrefois, exprime son chagrin de diverses manières :

130. Ô toi qui faisais ma joie ! Ô mon (époux), le premier des hommes, au visage pareil à la lune sans tache ! Ô mon (époux) beau entre les plus beaux, doué de signes excellents, revêtu d’un éclat sans tache !

131. Ô mon (époux) aux membres sans défauts, bien né, qui t’es élevé régulièrement, qui es sans égal ! ô mon (époux) doué des plus éminentes qualités, honoré par les dieux et les hommes, souverainement compatissant !

132. Ô mon (époux) doué de force, possédant la vigueur de Nârâyaṇa, vainqueur des troupes d’ennemis ! ô mon (époux) à la voix très douce qui résonne comme le chant du Kalabiñgka, qui as la voix douce de Brahmâ !

133. Ô mon (époux) à la gloire infinie, qui t’es élevé par cent œuvres méritoires ! possesseur de vertus sans taches ! mon (époux), aux grâces infinies, bien orné d’une foule de qualités, qui fais la joie des troupes de Rĭchis !

134. Ô mon (époux) né, bien né dans le jardin de Loumbini où résonne le bourdonnement des abeilles ; mon (époux) au nom glorieux, honoré au ciel et sur la terre ! Arbre de science et de vertus sans tache !

135. Ô mon (époux) des saveurs la plus douce ! aux lèvres rouges comme le (fruit du) Bimba, aux yeux (longs comme les pétales) de lotus, (à la peau) couleur d’or ! mon (époux), aux dents pures, bien rangées, et pareilles (pour la blancheur) au lait de génisse et à la gelée matinale !

136. Ô mon (époux) au beau nez, aux beaux sourcils au milieu desquels est le signe Oûrnâ sans tache ! ô mon (époux) à l’épaule bien arrondie, au ventre en arc, aux jambes de gazelle, à la taille arrondie !