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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XV

rempli de trouble, enveloppé du réseau de la vue et devenu aveugle, autrefois, les sensations qui faisaient agir en s’emparant de l’intelligence de l’âme ont été complètement écartées.

42. Elles qui, produites par l’ignorance de la loi, sont mobiles, changeantes, instables, pareilles au nuage, semblables aux éclairs, pareilles aux gouttes de rosée, vaines, creuses sans essence, sans conscience d’elles-mêmes, entièrement vides par nature.

43. Et mon esprit ne s’attache pas aux objets des sens. Tch’andaka, donne-moi Kanthaka, le meilleur roi des chevaux paré d’ornements. Elle est accomplie la bénédiction de mes pensées d’autrefois ; je serai le Mouni qui soumet tout, seigneur delà loi, roi de la loi !


Tch’andaka dit :


44. Celle qui a les yeux comme un pétale de lotus épanoui, parée de guirlandes de perles et de pierres précieuses, pareille à l’éclair qui, dans le ciel, jaillit des nuages amoncelés, vous ne la regardez pas, brillante sur sa couche ?

45. Et ces flûtes, ces tambours, au son agréable ; ces instruments de musique et ces concerts ? et les chants des Tchakoras et les gazouillements des Kalabingkas ? cette demeure semblable à celle des femmes des Kinnaras, comment les abandonnerez-vous ?

46. Les jasmins, les lotus bleus, les aloès, les Tchampakas et les guirlandes aux odeurs suaves, bouquets de fleurs réunies ; les aloès noirs, les cassolettes, où brûlent les meilleures parfums, les onguents par excellence, vous ne les regardez pas ?

47. Les mets odorants aux saveurs les plus flatteuses, les mieux apprêtés avec des épices délicieuses ; les breuvages si bien préparés avec du sucre, vous ne les regardez pas ? Seigneur, où irez-vous ?

48. Ces excellents et beaux vêtements de Kaci (Bénarès), chauds dans la saison froide, avec des onguents excellents, et au temps des chaleurs, imprégnés de l’essence de sandal des Ouragas, vous ne les regardez pas ? Seigneur, où irez-vous ?

49. Et les cinq qualités du désir, Seigneur, qui, pour vous, sont aussi abondantes que dans les pays des dieux ? réjouissez-vous donc, en possession de la joie et du bienêtre, et, ensuite, le prince des Çâkyas s’en ira dans la forêt.


Le Bôdhisattva dit :


50. Pendant des Kalpas incommensurables et sans fin, ô Tch’andaka, tous les désirs divins et humains (nés) de la forme, du son, de l’odorat, du goût et du toucher ont été goûtés par moi et je n’ai pas été satisfait !

51. Par moi, fils du premier des rois, a été exercée la souveraineté dans un grand royaume (composé) de quatre continents : je fus alors un Tchakravartin en possession des sept objets précieux, vivant au milieu de l’appartement des femmes. La souveraineté a été exercée par moi, sur les maîtres des Tridaças et les dieux Souyàmas.

52. Et après avoir émigré du milieu d’eux, venu ici-bas, JN’irmita parmi les Nirmitas,