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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XV

pakas, de Kouravakas, de Tilakas, de Kêçaras et autres arbres en fleur, bien ornés de jardins aux arbres de corail ; où sont placés des échiquiers, entourés de tables précieuses, abrités par des treillages précieux ; dont on jouit suivant le temps de la saison, au printemps, en été, en automne ou en hiver ; et ces grands palais pareils au mont Kàilâça, semblables au Vâidjayanta, protégés par la loi, la bonne loi, d’où sont bannis les soucis et le reste. (Ces palais) ornés de terrasses, de portiques, d’arcades, d’œils-de-bœuf, de pavillons à étages, où résonne le bruit des treillages ornés de clochettes ; et cet appartement des femmes, Seigneur, où l’on sait si bien danser en unissant les accords des voix et des instruments, (tels que) les tambours, les tambourins, les luths, les flûtes et les cymbales ; où Ton passe doucement le temps à rire, à danser, à jouer, à se réjouir ; et vous, Seigneur, vous êtes jeune, élancé, dans la fleur de la jeunesse, votre corps est gracieux et charmant, votre chevelure noire, et vous n’avez pas joué avec les désirs. Livrez-vous donc quelque temps au plaisir, comme Indra, le maitre des dieux, et ensuite, devenus vieux, nous irons errer en religieux. Et en ce moment il récita cette Gâthâ :


35. Livrez-vous au plaisir, vous qui connaissez les rites des plaisirs ; comme le maître des immortels dans le monde des Tridaças (dieux), et, ensuite, devenus vieux, nous commencerons les mortifications.


Le Bôdhisattva dit :

C’est assez, Tch’andaka. Ces objets désirés, en vérité, ne durent pas ; ils sont passagers, inconstants et de nature changeante ; ils s’en vont vite, égalant en rapidité le torrent de la montagne ; comme la goutte de rosée, ils ne durent pas longtemps ; ils sont sans essence comme le poing vide qui trompe un enfant ; comme la tige de la plante Kadali, ils sont sans essence ; comme des vases d’argile, leur nature est fragile ; comme des nuages d’automne, ils paraissent un instant et ne sont plus ; ils ne durent pas longtemps, comme les éclairs dans le ciel ; comme un vase où il y a du poison, ils produisent les misères des changements d’existence ; ils apportent le malaise, comme la liane Mâlouta. Les objets désirés par ceux qui ont l’intelligence faible sont pareils à la bulle d’eau, d’une nature qui change vite ; pareils à l’illusion et au mirage produits d’une erreur de la pensée ; pareils à l’illusion, causés par