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LALITA VISTARA — INTRODUCTION

mier lieu, dans les Mahâvâipoulyas Soûtras, le Bouddha paraît presque exclusivement entouré de dieux et de Bôdhisattvas, personnages particuliers à la mythologie bouddhique, tandis que, dans les Soûtras simples, ce sont des êtres humains qui forment la plus grande partie de son entourage et auxquels les dieux sont seulement associés.

« En second lieu, les Soûtras simples ne présentent pas de traces de ces doctrines qui ne sont pas la propriété commune des Bouddhistes, mais appartiennent seulement aux Bouddhistes du nord, comme, par exemple, le culte d’Amitabha, de Mañjouçri, d’Avalôkitêçvara, d’Adibouddha et des Dhyânibouddhas[1], et, de plus, ne présentent pas de traces de charmes mystiques et de formules magiques qu’on trouve en abondance dans les Mahâvâipoulyas Soûtras seulement. Mais que cette circonstance que le langage de ces longs morceaux poétiques, fréquemment insérés dans les Mahâvâipoulyas Soûtras, sous une forme très altérée, mélange de Sanskrit, de Pâli et de Prâkrit (ce qui n’est pas le cas pour la partie en prose)[2], soit donnée pour preuve de la postériorité des Mahâyânas Soûtras, cela, jusqu’à présent, ne semble nullement certain. Ces parties poétiques s’accordent-elles réellement d’une manière si complète, pour la forme et le fond, avec le texte en prose qu’elles puissent être regardées comme une simple amplification ou une rectification[3] ? Ou bien n’en sont-elles pas plutôt distinctes précisément sur ces points, de sorte que nous pouvons les regarder commodes fragments de traditions plus anciennes, exactement comme les pièces analogues qui se présentent si souvent dans les Brâhmanas. Dans le dernier cas,

  1. Aucun de ces personnages n’apparaît dans le Lalita vistara où l’on ne trouve non plus ni charmes mystiques ni formules magiques.
  2. Nous avons vu, p. ii. n. 3, que ces formes altérées se trouvent dans la prose du Mahâvastou.
  3. Ce qui prouve bien que les Gâthâs, ou parties en vers, ne sont ni des amplifications ni des rectifications, c’est que, dans les chapitres VI à XVI du Lalita vistara, les Gâthâs sont tellement liées au récit qu’on ne pourrait les en détacher sans omettre une partie des faits les plus importants de la vie de Çâkya-Mounî. Les Gâthâs sont donc la partie principale, puisqu’elles racontent des événements qui ne sont plus dans la partie en prose, laquelle n’a été écrite que pour relier entr’eux les récits que contiennent ces Gâthâs.